Révoltée, rebelle et insoumise, Lila Benhacine née Zaïdi cache mal son amertume face au marasme qui touche de plein fouet le monde des arts plastiques à Constantine. Son amour pour les arts plastiques lui a toujours insufflé le courage pour surmonter tous les handicaps. Née à Alger dans une famille originaire de Béjaïa, Lila choisira la voie des beaux-arts à la fin des années 1970 après avoir obtenu son bac au lycée Omar Racim. Un choix né d'une conviction profonde. Evoquant avec ferveur son parcours artistique, cette ancienne élève de Denis Martinez, un maître qu'elle vénère, expose les difficultés de tous les artistes passionnés pour une cause qui ne rapporte pas gros de nos jours. « C'est beau d'être artiste chez nous à une époque où il est pénible même de se procurer de la gouache professionnelle et autres outils de travail qu'on ramène au prix fort de la Tunisie », nous dira-t-elle. « Ceci ne découragera pas les vrais artistes à produire et à exposer, car malgré tous nos problèmes financiers pour avoir la matière nécessaire, nous avons cotisé ensemble, en 1982, pour une exposition collective à la salle de cinéma Afrique, alors qu'on n'était encore que des étudiants », se rappelle-t-elle. Après un passage à Paris où elle a séjourné et travaillé grâce aux encouragements d'amis, Lila passera ensuite des années entre Chelghoum Laïd, Hamma Bouziane et Mila où elle semble confrontée à un milieu hostile à tout ce qui touche à l'art. Déplorant ce qu'elle qualifie d'absence d'esprit de collaboration, jalousie et rivalités, qui marquent un milieu dominé par « des gens qui cherchent beaucoup plus à remplir leurs poches au détriment des vrais artistes ». Ces gens qui tiennent les destinées des salles d'exposition et des structures « culturelles ». « On ne respecte pas l'art en tant qu'art. On n'ouvre désormais les portes qu'aux opportunistes », dénonce-t-elle. « J'ai toujours essayé de donner quelque chose d'exceptionnel à travers mes expositions organisées à Chelghoum Laïd. Bien que le public intéressé ait toujours marqué sa présence, les autorités locales ont tout fait pour m'écarter », regrette-t-elle. Armée d'une force de caractère, Lila ne baissera pas les bras. Après des hauts et des bas, elle marqua un retour en force à l'occasion de la Journée de la femme avec une exposition réussie au centre culturel de la commune de Aïn Smara. Un retour qui révélera tant de choses chez une artiste qui ne demande qu'un espace pour s'exprimer librement et créer. Un vœu légitime pour une femme bouillonnante d'idées.