Nous demandons juste un peu plus de considération. Nous avons des familles à nourrir et dans les conditions actuelles, nous risquons de baisser nos rideaux pour aller gonfler le nombre des chômeurs de cette ville. » C'est par ces termes que les 201 jeunes exploitants du centre commercial de Ammar Chetaïbi, ex-Souk El Fellah, ont tenu à exprimer leur ras-le-bol. Regroupés en une association, ils viennent de décider de fermer le centre pour exiger plus de garanties de la part de la commune. Le président de l'association explique : « Nous avons convenu avec l'APC lors d'une réunion officielle d'un certain nombre de points, comme la remise de titres d'exploitation à durée indéterminée des lieux que nous occupons, la restauration des lieux... Or à ce jour, les choses ne font que se dégrader. » Plusieurs jeunes présents iront jusqu'à insinuer que ce centre serait convoité par quelques personnes biens placés. « On laisse les choses pourrir pour accaparer le terrain par la suite », estiment-ils. Les jeunes qui occupent le centre depuis plusieurs années déjà font partie des vendeurs « trabendo » qui exerçaient auparavant à la cité CIA et à Souika. Les vendeurs de la cité CIA ont été transférés au centre en août 2000 et ceux de Souika en 2002. Certains aménagements ont été opérés dans les lieux pour permettre aux 2001 jeunes de bénéficier d'un espace de vente. Les lieux connaîtront au départ une grande prospérité et des affluences record. Chose qui n'allait pas durer puisque le centre n'attire aujourd'hui plus les foules. « Nous ne vendons plus rien, moi s'il m'arrive de vendre un seul article par mois, je m'estime heureux. Les temps sont devenus très durs et j'ai peur pour mon avenir », raconte l'un des jeunes. Cette réalité serait due, aux dires du président de l'association, à « l'état d'insécurité qui caractérise les lieux. Les ménagères ne viennent plus ici parce qu'elles ont peur. Les gens ont fini par bouder les lieux et nous en payons les conséquences. Regardez, il n'y a même pas d'éclairage public dans les environs. Comment voulez-vous que les citoyens viennent ici ? » Il rajoute que l'état de la bâtisse donne au lieu une image infecte qui n'encourage personne à s'y aventurer : « Ce n'est plus un centre commercial. C'est un taudis. » Le centre commence effectivement à tomber en ruine. A l'intérieur, les traces des infiltrations d'eau sont visibles. « On ne pense même pas à la sécurité des lieux, alors qu'ils devraient accueillir des centaines de citoyens. Il n'existe même pas de moyens de sécurité contre les incendies. D'ailleurs il y a quelques semaines seulement, le box de l'un des jeunes vendeurs a été totalement calciné. Il a perdu l'équivalent de 500 000 DA. C'était toute sa fortune. » Dans leurs doléances, les jeunes demandent à ce que l'APC honore ses obligations en procédant à la réfection des lieux. « Nous sommes prêts à honorer nos engagements en payant les loyers, il suffit juste que la commune daigne nous assurer l'essentiel. Si elle veut récupérer l'endroit, nous demandons de bénéficier d'un autre lieu pour exercer notre activité », conclut le président de l'association, laissant comprendre que les jeunes envisagent de recourir à un grand mouvement de grève de la faim si les responsables directs ne prennent pas en considération leurs doléances. L'indisponibilité du maire pour des raisons professionnelles ne nous a pas permis de recueillir ses déclarations.