Mohamed Benchicou, directeur du Matin (quotidien suspendu l'an dernier) qui croupit à la prison d'El Harrach depuis près d'une année, pourrait être libéré dans le cadre de la réconciliation nationale. L'annonce a été faite par l'ex-Président Ahmed Ben Bella, actuellement président d'honneur de la Commission nationale pour l'amnistie générale (CNAG). Interrogé par des journalistes de la presse algérienne à l'aéroport de Bruxelles sur le cas du directeur du Matin, M. Ben Bella a affirmé être « absolument contre le maintien de Benchicou en prison ». L'ancien chef d'Etat a indiqué, en outre, avoir déjà évoqué l'affaire « avec le Président Bouteflika ». Il a promis, par ailleurs, de lui « en reparler ». L'ex-Président, qui a été lui-même emprisonné après le coup d'Etat de juin 1965, conçoit mal qu'en 2005, un journaliste soit mis derrière les barreaux. « En ces moments particuliers de l'histoire de mon pays, où l'on parle de réconciliation, j'estime honnêtement que la place d'un journaliste n'est pas en prison », a-t-il lancé. Il précisera, néanmoins, qu'il ne partage pas les écrits du journaliste, ni la ligne éditoriale du journal qu'il dirigeait. L'« aveu » de Ben Bella intervient quelques jours seulement après le rejet, par la cour d'Alger, de la demande de mise en liberté conditionnelle de Mohamed Benchicou pour « raisons de santé », introduite par les avocats de la défense. Revenant sur la proposition qui lui été faite pour diriger la CNAG, Ahmed Ben Bella a indiqué conditionner son acceptation par deux choses : « Je n'accepterai de présider la Commission nationale pour l'amnistie générale que si elle se libère de l'emprise des partis politiques. Il est important aussi que des personnalités historiques qui travaillent pour l'intérêt général du pays y figurent. » A rappeler que ladite commission a aménagé ses bureaux au siège national du Parti du renouveau algérien (PRA). La CNAG traverse ces derniers jours une zone de turbulences résultant d'une bataille de leadership.