Ali Laskri a estimé indispensable l'implication des forces démocratiques dans l'entreprise de sauvetage de la Kabylie. “Ceux qui veulent dépolitiser la Kabylie en brouillant les repères de sa mémoire militante se trompent lourdement. Elle va réhabiliter le politique pour faire échec à la diabolique entreprise de démolition qui la vise.” C'est la conviction du premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) qui a animé, jeudi 21 avril, un meeting au théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, en présence des détenus de Ghardaïa, dont le Dr Fekhar, secrétaire national du parti. Devant une assistance nombreuse, M. Laskri a déclaré que la pollution des repères politiques a pour objectif de clochardiser la Kabylie pour la dévier de son rôle d'avant-garde du combat démocratique national. “Le pouvoir veut avilir la région par la corruption et l'argent sale”, explique-t-il avant de lâcher coléreux : “Non, la Kabylie n'est pas à vendre !” Ce faisant, il a estimé indispensable l'implication des forces démocratiques positives dans cette entreprise de sauvetage politique de la région que le pouvoir entreprend de décapiter : “Ça suffit la division !” À propos de la révocation des élus de la Kabylie, Ali Laskri a dit “niet”. D'un point de vue purement juridique, l'opération est illégale, et politiquement elle est arbitraire, selon sa perception des choses. C'est la même position adoptée concernant le projet d'amnistie générale de Bouteflika. “C'est une auto-amnistie qui prépare le lit à l'impunité”, fera remarquer l'orateur, avant de réitérer l'exigence de l'élection d'une constituante qui est, selon lui, une revendication du mouvement national depuis 1936. Plus virulent, Karim Tabbou, porte-parole du FFS, n'a pas manqué d'“arranger” la cravate au chef du gouvernement et à ses partenaires. La visite d'aujourd'hui a été évoquée par Tabbou qui a considéré que la démarche du pouvoir s'inscrit dans un processus échelonné, selon le secrétaire national du FFs, de “la dislocation politique, économique, sociale et culturelle de la Kabylie”. C'est pour cela, ajoute le conférencier, que “le pouvoir veut substituer aux forces politiques des sectes régressives et archaïques”. Tabbou reste lucide : “Cette entreprise de vouloir préfabriquer une classe politique par un recrutement mafieux et opportuniste est vouée à l'échec.” Il recommande, cependant, la vigilance pour déjouer cette entreprise de dislocation qui risque de faire plier une région aux traditions de lutte pourtant bien ancrées dans la société. Pour lui, la réconciliation nationale ne peut se faire sans les impératifs de vérité et de justice. Pour sa part, Kamel-Eddine Fekhar s'est contenté de faire un témoignage à propos de son incarcération pendant cinq mois. Y. A.