Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) devait tenir son conseil national jeudi dernier au siège de l'Association nationale des sourds-muets. Cette réunion n'a cependant pas eu lieu. La raison ? Les représentants du CNAPEST auraient été empêchés par les services de sécurité d'y accéder. Cette interdiction serait motivée par le fait que les enseignants n'avaient pas d'autorisation pour se réunir. Ces informations ont été données par Salim Ouhha, vice-coordonnateur du CNAPEST, lors d'une conférence de presse animée hier au siège du Syndicat national des officiers de la marine marchande (SNOMAR). Les représentants de l'Association des sourds-muets auraient, par ailleurs, reçu l'ordre, selon M. Ouhha, de ne plus ouvrir les portes de leur établissement au CNAPEST, « car il n'est pas légal puisqu'il n'a pas eu d'agrément ». Les membres du CNAPEST soupçonnent le ministère de l'Education nationale d'avoir été derrière ce « coup fourré ». Aussi, l'orateur a qualifié de « scandaleux » les agissements et le comportement du ministère de l'Education nationale. Il a considéré comme « honteux le fait de pourchasser des enseignants qui voulaient juste se rassembler afin d'évaluer et de trouver une solution à la question liée à la rétention de notes ». « Lorsque nous avons quitté l'Association des sourds-muets, nous nous sommes dispersés pour tenter de trouver une autre salle pour notre réunion. Le comble est que les policiers nous ont suivis. Ils voulaient à tout prix connaître le lieu de notre rencontre », a révélé le représentant du CNAPEST. Celui-ci indiquera que le syndicat s'apprêtait ce jour-là à revoir sa démarche par rapport à l'action portant rétention des notes. Et d'ajouter que, face à la répression, il a pris la décision de reconduire ce point. « Ce n'est pas par les menaces, les poursuites judiciaires et encore moins la chasse aux enseignants que l'on peut nous démobiliser où nous pousser à renoncer à nos revendications socioprofessionnelles », a affirmé le conférencier. M. Ouhha a annoncé, à l'occasion, l'organisation d'une journée de protestation et de solidarité nationale, le 2 mai, et ce, en guise de solidarité avec les sept enseignants affiliés au CNAPEST qui ont reçu une troisième convocation pour comparaître devant le tribunal de Sidi M'hamed, le même jour. « La contestation aura lieu au sein des lycées de l'ensemble du pays. Certains enseignants opteront pour des sit-in et d'autres pour des rassemblements. De toutes les manières, cela implique un arrêt de travail », a souligné le conférencier qui a lu à l'assistance le contenu du communiqué de la justice qui stipule qu'aucune personne n'a le droit de parler au nom du CNAPEST qui est un syndicat ne disposant pas d'agrément. Le texte lu à l'assistance précise encore que les sept membres du CNAPEST poursuivis n'ont pas le droit d'appeler à une grève ou à une protestation et qu'aucune autre personne n'a également le droit d'appeler à un débrayage. « Nous considérons le contenu de ce communiqué comme étant une déclaration de guerre. Nous ne sommes que des enseignants qui revendiquent leurs droits », a soutenu l'orateur. Celui-ci n'hésitera pas à accuser les autorités de vouloir taire la voix des enseignants par tous les moyens. « Ils refusent que les enseignants s'organisent. Le ministère de tutelle passe son temps à nous menacer, nous intimider et nous faire peur. Nous estimons que les représentants de l'Etat ne doivent en aucun cas recourir à la répression pour le règlement d'une crise. Bien au contraire, la force de l'Etat doit résider, à notre avis, dans le respect des citoyens », a souligné le responsable du CNAPEST. Les représentants de ce syndicat sont persuadés que « la violence exercée à leur égard par le ministère de tutelle est due à la faiblesse et à l'incapacité du département de Benbouzid à réunir les enseignants mécontents autour d'une table de négociation », a affirmé M. Ouhha. Il est à mentionner que, parallèlement au mouvement que compte initier le CNAPEST, les membres du Comité national des libertés syndicales (CNLS) se réuniront demain pour arrêter conjointement la date d'une journée de protestation. « En ce qui nous concerne, nous n'avons pas décidé de fêter le 1er Mai, car nous jugeons qu'il est indécent de célébrer cette journée au moment où les travailleurs sont chassés de leur poste de travail. Nous allons nous réunir ce 1er mai pour exprimer notre colère et finaliser par la même une action de protestation », a souligné l'orateur. Par ailleurs, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a, dans une déclaration rendue publique hier, expliqué que le 1er Mai sera commémoré dans un « climat de répression intolérable contre les syndicats autonomes devenus gênants, car ils sont une force de résistance contre l'appauvrissement des salariés ». C'est pourquoi, ajoute le CLA, qu'ils (les syndicats, ndlr) sont attaqués en permanence par les pouvoirs publics effrayés par leur capacité de mobilisation. « Dans l'éducation, les pouvoirs publics ont décidé de frapper le CLA et le CNAPEST à la tête pour anéantir toute représentation syndicale indépendante, légale et légitime que nous constituons et construisons sur le terrain syndical depuis la grève de 2003 », signalent les représentants du CLA.