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Dieu et l'Armée (1re partie)
La Passion selon le père de Foucauld
Publié dans El Watan le 02 - 05 - 2005

De nombreux destins balisent la vie du vicomte Charles-Eugène de Foucauld. Il fut soldat, aventurier, chercheur, moine et saint à la fois. Assurément trop pour un seul homme. Sa trajectoire recèle des zones d'ombres, des secrets, des ruptures et de spectaculaires rebondissements.
Si l'on devait résumer cette vie de façon simple et détachée, on retiendra sa double et puissante fidélité à Dieu et... à l'armée. Pour ce qui est du Christ, on sait à peu près tout des sentiments du père de Foucauld qui livre des pages d'émotions pleines d'extases mystiques. Quant à ses rapports avec l'armée, il restera très discret. Et pour cause ! Les nombreux fidèles qui considèrent cet homme exceptionnel comme un saint n'aiment pas sa face militaire. C'est un dédoublement incompatible, c'est vrai, avec la sainteté. On ne peut, malheureusement, la gommer. Ce sont des officiers qui diront tout le bien que de Foucauld a fait en tant que guide et porte-parole. A commencer par le général Laperrine pour qui « le Père de Foucauld fut l'agent principal de la pacification des Touareg ». Et de notre point de vue, cette notion de pacification n'a pas la même valeur sémantique. Audacieux, aventurier, missionné, sans doute, par « les services », il se lance dans la première opération de reconnaissance exhaustive du Maroc en 1883 avec le savoir-faire du professionnel du renseignement. Ses Cahiers de reconnaissance sont d'une précision et d'une pertinence telles qu'ils serviront de carte d'état-major dans la pénétration militaire de la France au Maroc. En tant que religieux, il découvre l'Islam et songe un moment, dit-il, à se convertir. Il écrit à son ami le comte de Castrie : « L'Islam a produit en moi un profond bouleversement ; la vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m'a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines. » En fait, l'Islam a permis à Charles de Foucauld de découvrir la dimension religieuse et sa vocation. Il sera, plus tard, sous l'effet des sortilèges du Sahara qui extraient l'homme de tous les superflus comme dans un pèlerinage permanent. Les Touareg appellent « djenn ettari » cette force attractive très connue qui fixe l'homme au sol saharien et son esprit au firmament. Foucauld fait le voyage intérieur jusqu'aux confins du soufisme. Il se passionne pour tout. Il restera, cependant, toujours pragmatique et terre à terre.
Contre Cheikh Bouamama
L'aventure de cet homme commence en 1881 dans les étendues steppiques du Sud-Ouest algérien par le tumulte des armes face à la cavalerie de Cheikh Bouamama. Il prit part à cette guerre en tant que lieutenant des hussards dans l'obéissance de sa hiérarchie sans rien dire, ne livrant aucun commentaire, même tardif, des enjeux de cette confrontation. L'expérience lui permet, cependant, de rompre définitivement avec la vie de plaisir qu'il menait comme richissime héritier porté sur les plaisirs et la délectation. Après l'Ecole de guerre de Saint-Cyr, réservée aux fils de la noblesse française, il complétera sa formation à l'Ecole de cavalerie de Saumur. Il a une seule envie : partir pour la Tunisie. Mais il est affecté en Algérie. Il arrive à Annaba, en compagnie d'une charmante dame qu'il abandonne sans état d'âme aux soins d'un supérieur et part pour Sétif. Cette affaire lui vaudra des remontrances de sa hiérarchie. Sur le terrain, il va se faire remarquer par sa grande simplicité et une endurance sans limite, supportant la faim et la soif. Mais, apparemment, l'expérience militaire produit en lui un certain effet de répulsion. Il est ému par la bravoure et la piété des combattants algériens qui se moquent de la mort sous les feux des canons. Chose étonnante, lui qui note tout avec un caractère obsessionnel, il passe sous silence la souffrance de ses adversaires et des populations civiles. Il se rappellera seulement le souvenir de ses compagnons « morts sans sacrements et sans prêtre » ce qui le presse, dit-il, à se fixer au Sahara. Après la fin des opérations militaires à El Bayadh et Aïn Sefra, Charles de Foucauld donne sa démission depuis sa garnison à Mascara et se consacre à la mission du Maroc à l'aube de l'occupation. Ce voyage n'est pas conçu comme une balade initiatique. Loin de là.
Alias Joseph Alemane
Ce sera une exploration méticuleuse, méthodique et préparée avec un soin obsessionnel sous la direction du conservateur de la bibliothèque d'Alger, un certain Oscar McCarthy. Il apprend les rudiments de l'arabe et de l'hébreu. A bord d'un bâtiment de guerre sur le quai d'Alger, commandé « par un parent », il apprend à se servir d'un sextant et divers instruments de mesure. Ainsi, par petites touches, les mystères de cette exploration géographique se révèlent sur un versant de reconnaissance militaire préparant la voie aux troupes du maréchal Lyautey. Dans la terminologie moderne, on dira « espionnage ». Pour ne pas céder à l'innocence, il faut dire que Charles de Foucauld n'a certainement pas quitté l'armée. Il a tout juste troqué la tenue de cavalerie contre un déguisement qui lui permettra de mieux servir son institution en passant d'un cran au-dessus de la simplicité du combattant. Il se travestit en rabbin algérien et se fait appeler Joseph Alemane. A l'époque, la tension politique entretenue par les menaces et les incursions aux frontières, suite à l'insurrection de Bouamama, ont conduit les autorités marocaines à fermer l'accès aux Européens. Quant aux Israélites, ils avaient la totale liberté de circulation. C'est ce qui explique le déguisement. Pour ce voyage, il se fait accompagner par un juif qu'il a connu pendant son séjour à Mascara, un certain Menahem Denan, alias Mardoché abi Serour. Les deux compères, sous leur accoutrement religieux, seront reçus à Tétouan par un contact marocain en la personne de Jacob Danan, vrai frère du faux rabbin de Mascara. Le 14 juin 1883, il franchit le poste de Maghnia. Dans ses notes, il trace par le Rif, visite Tanger, Tétouan, Chechouane, Fez, Taza, Mekhnès, Boujad, Tedella, Beni Mellal, Ouarzazate, Mogador et des dizaines d'autres localités. Il a tissé des amitiés qui se sont avérées utiles, plus tard, pour la France. C'est le cas, notamment, du puissant caïd Sidi Ben Daoud rallié aux troupes françaises. A Tétouan, les services consulaires français mettent à sa disposition un certain Monsieur Abdelatif, agent consulaire chargé de lui faciliter la pénétration de Chechaouen, une sorte de cité interdite inconnue des Européens. Chargés de provisions pour douze jours, le trio prend le chemin du Sud, escorté par quatre hommes du pacha de la province. Dans cette mission, de Foucauld a failli se faire prendre. Il est surpris en plein dans ses calculs avec ses relevés topographiques et ses instruments. Evidemment, le sextant ne se dissimule pas comme une boussole. L'alerte est donnée. Foucauld est armé d'un revolver. Il arrive à semer ses poursuivants et retourne à son point de départ chez Jacob Danan. Dans son voyage, il impose à son compagnon israélite un rythme difficile et se conduit avec lui avec une brutalité insoutenable pour forcer la marche. Il le ruait de coups et l'avoue ouvertement. « Tout mon itinéraire, écrit-il, a été relevé à la boussole et au baromètre. En marche, j'avais sans cesse un cahier de cinq centimètres carrés au creux de la main gauche et un crayon de deux centimètres sur la main droite. Je consignais ce que le terrain présentait de remarquable. A gauche et à droite, je notais les changements de direction, accompagnés de visées de la boussole, les accidents sur le terrain, les hauteurs barométriques. La nuit, je recopiais sur un calepin toutes mes notes. » Après onze mois en « zone ennemie », il est à Oujda où il vend ses mules et se dirige à pied sur le poste frontière de Maghnia qu'il rejoint en mai 1884. Alors que, officiellement, il avait démissionné de l'armée, il se présente à l'officier en poste en tant que « lieutenant de Foucauld ». Très vite, c'est un spécialiste en cartographie, le colonel Maumené, camarade de promotion, qui le prend en charge. Le 25 avril 1885, la Société de géographie de Paris donnait à la Reconnaissance du Maroc le label d'évènement capital dans les annales de l'exploration africaine.
Alias frère Marie-Alberic
Après avoir été un bon militaire, Charles de Foucauld reçoit la vocation de bien servir Dieu. Il passe des séjours initiatiques dans diverses retraites. Notre Dame des neiges, puis chez les franciscains de Nazareth en Palestine, chez les jésuites de Clamart, les bénédictins de l'abbaye de Solesmes - connue pour sa chorale de chants grégoriens -, les Trappistes dont le siège était à Bouchaoui et au Saint-Siège à Rome. En juin 1890, il part pour une Trappe en Asie Mineure sous le nom de Frère Marie-Alberic et s'installe dans un monastère arménien six ans durant. Il passe son temps à méditer et à écrire. Passés six ans, il décide de quitter l'Arménie. Il est alors appelé à se rendre au domaine de la Trappe à Staouéli où le supérieur général devait examiner la demande de démission. Dans les ordres, c'est comme à l'armée, on ne joue pas avec la discipline. On lui fit savoir qu'il ne peut sortir de la Trappe qu'à la condition de passer deux ans au Saint-Siège à Rome pour « méditer ». Et c'est en janvier 1897 qu'il reçoit l'autorisation de partir vers sa nouvelle vocation à savoir « l'imitation de Jésus-Christ, celui qui se sacrifia jusqu'à mourir pour tous les hommes ». En clair, Foucauld n'a pas trouvé dans les ordres cette vie austère qu'il cherchait pour le rapprocher de son idéal religieux. Et là commence l'aventure saharienne. En juin 1901, il est ordonné prêtre et en octobre, il arrive à Beni Abbès dans un convoi en provenance de Béchar. Très actif, il commence par faire un état des lieux très pointu ne négligeant aucun détail. Un mois après, il écrit une longue lettre à son ami, le comte de Castries. C'est un premier bilan de ses observations. Tout y passe, sauf l'émotion religieuse. Il dit notamment « Beni Abbès est un ksar de 130 feux peuplés de chleuhs et harratine. Le ksar est au milieu d'une forêt compacte de palmiers arrosés par une très belle foggara... » Il donne des précisions topographiques, climatiques et dans un instinct atavique, il pointe sur le domaine militaire, garnison, fortification, proximité des territoires du Maroc, etc.
(A suivre)


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