Détentrice d'une licence en psychologie à l'université d'Alger, puis d'une maîtrise à Paris, Hamida Aït El Hadj est allée en Union soviétique pour entamer une formation de metteur en scène de théâtre. Toute sa vie, confie-t-elle, elle a été bercée dans les coulisses d'une famille portée sur le théâtre. Avec deux sœurs, Karima et Fouzia, versées dans le 4e art, la petite sœur ne pouvait qu'emprunter cette voie. A l'âge de 3 ans, elle se plaisait déjà à jouer certains rôles au niveau de son école maternelle. Etant un peu plus grande, elle était carrément distribuée dans certaines pièces théâtrales à la salle Pierre Bord (salle Ibn Khaldoun). Elle a également fait du théâtre amateur au lycée et même dans « El hadika el sahira ». Hamida Aït El Hadj a continué de donner le meilleur d'elle-même dans son pays jusqu'en 1995, année où son regretté ami Azzeddine Medjoubi fut fauché par des balles intégristes alors qu'ils allaient jouer ensemble une pièce intitulée Stanislas. Au cours de la même année, elle s'installe en France, mais tout en ayant un œil sur son pays. En fait, elle fera des va-et-vient ponctuels entre la France et l'Algérie. « Je suis dans le privé. Je suis coach au cinéma français. J'ai tout de même monté quatre spectacles à Paris », dit-elle. Ses expériences dans le domaine théâtral sont nombreuses et fructueuses à la fois. En 1997, elle écrit en collaboration avec Farid Benour, en hommage, entre autres, à Jean Sénac et à Tahar, une pièce Un couteau dans le soleil. Cette dernière a été primée à Paris. En 1997, elle présente à l'occasion de la Journée internationale de la femme El Ghanima (le butin) à la salle Ibn Zeydoun. En 2000, elle revient avec une nouvelle création L'Hirondelle qu'elle présente à la salle El Mougar. Sur un ton animé, l'artiste révèle qu'elle a déposé, depuis deux ans, deux projets au ministère de la Culture, en vain. « Jusqu'à présent, je n'ai pas eu l'argent du ministère ni la place qui me revient de droit au TNA en tant que metteur en scène. Si ce pays a besoin de ses cadres qu'il leur donne la possibilité de travailler. On fait appel à moi ponctuellement. » Hamida tient à préciser que ses déplacements en Algérie s'effectuent grâce à l'amour du pays et à la passion du théâtre. Preuve en est, quand on lui a demandé de monter Souk El Ansa, pièce abordant le thème du code de la famille, elle a répondu présente. « Je ne pouvais pas créer une pièce comme cela. J'ai puisé dans El Ghanima. J'ai pris deux personnages : le premier étant celui du Butin, joué par Kheddouma et le second Bent Alahoum que j'ai pris également du Butin et que j'ai transformé en monologue avec M. Laffer. On est allé voir Chafia Boudraâ. Grâce à une cassette audio, cette grande dame a appris le texte en une nuit pour le jouer le lendemain. » Auparavant, le rôle avait été confié à sept artistes, entre autres Fatiha Berber, Doudja... Le 8 mars dernier, cette pièce a été jouée à l'occasion de la réception offerte par le président de la République aux femmes algériennes. « Le président avait répondu au personnage de Khadoum Bent El Alia. Si on m'avait demandé d'exposer ces revendications au président, je l'aurais fait d'une manière subtile. J'aurais interpellé le président avec beaucoup d'humour. C'est vrai qu'il y a un pas qui a été fait dans le code de la nationalité, mais beaucoup reste à faire. » Hamida Aït El Hadj demeure persuadée qu'elle jouera autant de fois cette pièce tant que le code de la famille ne sera pas abrogé. A la question de savoir ce qu'elle pense de la relève, notre interlocutrice estime « qu'on ne peut pas dire qu'il y a un théâtre ou un cinéma. Il y a des expériences de temps en temps. Un théâtre, dit-elle, c'est un répertoire fixe, c'est une création permanente et des échanges culturels avec d'autres théâtres. » Le théâtre ne bat pas de l'aile. Les gens n'ont pas les moyens de travailler. « L'argent est le nerf de la guerre et de... la paix », explique-t-elle.