Pour tous les malades qui souffrent de troubles ou de maladies psychiatriques à travers la wilaya et qui se comptent par centaines, voire plus, les praticiens destinés à leur prise en charge se comptent à peine sur les doigts des deux mains. En effet, ils sont à peine 4 psychiatres de santé publique et 3 maîtres-assistants dont un, semble-t-il, serait partant vers le secteur privé vu le niveau déplorable des conditions d'exercice dans le secteur public. Un état de fait qui suscite la peur des professionnels de la santé à Oran quant à l'avenir de cette spécialité tant sur le plan de la formation hospitalo-universitaire que sur le niveau de la prise en charge des malades. Ces derniers craignent même une disparition totale de la spécialité, dans quelques années, si les psychiatres qui choisissent le privé ne sont pas remplacés par d'autres qui devront prendre la relève. Perspectives bloquées Ils nous expliquent que cette situation est due à un blocage causé au niveau d'Alger. « Il faut savoir que, chaque année, des psychiatres de santé publique se présentent au concours d'assistanat pour accéder au titre de maître-assistant et, par la suite, à celui de docent et enfin au titre de professeur. Ceci, bien sûr, au bout de nombreuses années de formation ponctuées par des concours spécifiques pour chaque poste. Cependant, nos praticiens se retrouvent à faire face à un blocage de leur carrière qui les empêche d'évoluer et de suivre une carrière hospitalo-universitaire comme le reste de leurs collègues des autres spécialités. Un blocage inexpliqué et inexplicable pénalisant ainsi et les malades qui sont sans cesse en augmentation, et la formation qui se trouve ainsi gratuitement pénalisée », précise un professionnel de la santé. Ne pouvant rien faire devant ce blocage de leur carrière à répétition lors du concours de l'assistanat et devant les conditions difficiles dans l'exercice de leur profession, « la majorité de ces psychiatres préfèrent quitter les services publics pour s'installer à leur propre compte, ce qui est largement plus rentable et beaucoup plus confortable », ajoute-t-il. Notons que la wilaya d'Oran dispose d'un seul établissement hospitalier de santé mentale, en l'occurrence l'EHS psychiatrique de Sidi Chahmi, dont la capacité d'accueil est de 200 lits et ne disposant que de 2 maîtres-assistants. Il s'y ajoute l'unité de suivi d'Ibn Sina annexée à l'EHS et enfin le service d'urgence psychiatrique du CHUO, où les moyens matériels et humains font cruellement défaut avec deux praticiens seulement pour répondre quotidiennement à près de 40 cas d'urgence. Devant ce problème de blocage qualifié d'incompréhensible, des professionnels de la santé s'insurgent et demandent aux responsables d'y remédier.