Qu'est-ce qui peut favoriser l'émergence d'une culture journalistique dans une wilaya où le taux d'analphabétisme est encore assez élevé ? Les quelques plumes qui se sont investies dans le journalisme appréhendent d'être prises en défaut. Aussi, les rares correspondants de presse qui couvrent les activités de la région n'osent jamais aller au-delà du « normal », de crainte de représailles. Certes, ils ont appris sur le tas, ce qui ne les prédispose pas à traiter les sujets avec le professionnalisme qui caractérise les gens du métier. Par ailleurs, ils ne se sentent pas, contrairement à leurs collègues qui exercent au niveau de la rédaction, suffisamment protégés pour agir à leur guise. Beaucoup ont toujours en mémoire le souvenir de Beliardouh, ce correspondant de Tébessa qui a osé lever le voile interdit. Il a payé de sa vie son audacieux geste. C'est dire à quel point l'écrit journalistique dérange. En réalité, l'absence de traditions journalistiques, liée à un tenace refus de la critique, donc du rejet de l'avis de l'autre, maintient le citoyen de la région dans une attitude faite de réticence et d'hermétisme. Qu'à cela ne tienne, la poignée de correspondants de presse qui activent essayent, autant que faire se peut, de traiter l'information avec réalisme, sans verser dans la diffamation ou l'insulte. Beaucoup reste à faire, tant que la région souffre de l'absence d'une maison de la presse où pourra s'exercer la liberté de la presse avec objectivité, sérieux et professionnalisme. Par ailleurs, une culture journalistique ne peut se concrétiser tant que le niveau culturel du citoyen moyen n'a pas encore atteint le niveau requis, surtout pour une appréhension de l'écrit journalistique.