Pas d'empoignades, mais pas d'entente non plus, malgré les embrassades. C'est ce qui a caractérisé le regroupement du FLN, programmé jeudi à la salle de conférence du siège de la mouhafadha sous la direction de Abderrezak Bouhara, membre de la direction nationale. Il a réussi le pari de faire venir l'ensemble des parties qui gravitent autour du parti et qui n'ont pas cessé de se tirer dessus depuis le début de la crise. Anciens ou nouveaux, toutes tendances ou sous-tendances confondues, allant du député au simple militant de base, tous ont tenu à se faire remarquer. On a également noté la forte affluence des éléments de la coordination des comités de soutien, jusque-là non impliqués directement dans la crise. C'est dire que la mainmise sur l'appareil local est une convoitise réelle pouvant faire s'éloigner l'espoir d'un règlement définitif. Le colonel Abid a l'avantage d'occuper déjà les lieux, même à titre provisoire. Alors que M. Bouhara n'avait pas encore entamé son speech, le colonel a fait son apparition sous les ovations des siens. Apparenté à une mise en scène, cet incident a soulevé l'ire des autres parties rivales réunies autour de M. Brahma, ancien mouhafedh, rejoint par d'autres têtes d'affiche, des anciens redresseurs qui ont fini par tomber en disgrâce par rapport au colonel. Une bonne partie des cadres et militants a préféré sortir pour, disent-ils, ne pas cautionner cette mise en scène qui vise à mettre en évidence M. Abid au détriment des autres. Regroupés à l'extérieur, à l'étonnement désintéressé des passants du boulevard Emir Abdelkader, ils ont dû laisser l'émissaire d'Alger discourir face aux sympathisants du colonel. La partie du boulevard située entre la mouhafadha et l'hôtel Timgad était noire de monde. M. Bouhara a quand même prononcé un long discours. Il a, en résumé, tenté de faire passer l'idée selon laquelle « tout doit passer par les urnes, notamment à la base ». Il ira même jusqu'à remettre quelque peu en question le déroulement du dernier congrès, qui a, selon lui, péché en procédant à des désignations, au lieu de laisser parler les urnes. « D'Oran dépend le règlement du conflit qui mine le FLN », lancera-t-il pour mieux faire passer son message.