La brume qui enveloppait ce paysage paradisiaque du mausolée royal de Maurétanie (Tombeau de la chrétienne) et cette pluie fine qui tombait du néant ont quelque peu frustré les organisateurs de l'après-midi poétique. Une pléiade d'artistes peintres, surtout de poètes, s'est donné rendez-vous au milieu de cette nature verte qui domine la plaine de la Mitidja et la côte turquoise de Tipaza. Un minuscule territoire et un climat inattendu en ce 5 mai, découverts pour la première fois, ont suscité l'inspiration. La section de wilaya de l'Union nationale des écrivains algériens de Tipaza, en collaboration avec les autorités locales, a opté pour « cet univers » exceptionnel afin d'organiser avec simplicité cette manifestation culturelle. La wilaya de Tipaza vient de perdre au courant de ce mois, deux illustres personnages qui se sont consacrés à la réhabilitation et au développement de la culture ayant de surcroît toujours donné le meilleur exemple aux jeunes générations, il s'agit de Mahieddine Bellouti de Koléa et de Rachid Abdellatif de Bou Ismaïl. Dès l'entame de la manifestation, un hommage particulier a été rendu aux défunts. L'aménagement effectué dernièrement grâce à une enveloppe financière de cinq millions de dinars, allouée à la suite de la décision du wali de Tipaza, est à l'origine de la métamorphose de ce site qui fait partie intégrante de la circonscription archéologique de Tipaza, site classé patrimoine culturel mondial par l'Unesco. Néanmoins, les herbes sauvages se sont développées sur les grosses pierres de ce bâtiment circulaire à destination funéraire, qui a une circonférence de 185,50 m, une hauteur de 32,40 m et un diamètre de 60,90 m. L'entretien du monument est impératif. La CAT doit être impliquée dans toutes les opérations qui se déroulent dans son fief. Il semble que cela n'a pas été le cas. Les caprices de la météo ont empêché les poètes de déclamer les vers de leurs poésies au pied de ce volumineux monument funéraire de 80 000 m3, en plein air. Parmi l'assistance, on a relevé la présence de Mammeri Azouaou et de Boucebci. Ce dernier a déclamé deux poèmes de Djelfaoui. Le tempo a été donné par le poète Harzellah Bouzid qui a débuté, cet après-midi, convivial par une poésie, loin des vacarmes urbains. Le poète Adala est venu des monts de Menaceur pour déclamer des vers en tamazight. Les organisateurs ont voulu offrir cette richesse poétique en arabe, en français et en tamazight pour donner un sens universel à la culture. La nature, la souffrance, l'amour, la beauté, la joie, la patrie, autant de mots qui ont fait voyager l'assistance qui s'est engouffrée dans un local d'exposition du site pour écouter ces mots qui consolent. L'unique fausse note de ces furtifs instants d'évasion demeure l'entêtement de l'équipe de l'ENTV qui a refusé de filmer les poètes d'expression française. Dommage ! Ce comportement n'a pas été du goût du poète El Ouahed Mohamed.