Imprécision n La date de la construction et la fonction réelle de ce monument ne sont pas connues avec certitude. Escale punique dès le VIe siècle avant J.-C., Cherchell devint, jusqu?au IIe siècle avant J. -C., une cité prospère, mais soumise à la suzeraineté politique et culturelle de Carthage. Cité autonome au sein des royaumes indépendants de Maurétanie, jusqu?à sa promotion comme municipe par l?empereur Claude, elle connut alors un grand essor urbain. Elle devint colonie honoraire sous Hadrien (Colonia Aelia Augusta Tipasensium) et se dota d?une vaste enceinte de 2 200 m de long. Parmi les monuments les plus remarquables : la grande basilique et ses dépendances, la colline principale du forum avec le capitole de la basilique judiciaire, l?aréa funéraire orientale avec la basilique cimétériale de Sainte Salsa et ses annexes. Mais la plus belle des ruines romaines à Tipaza est le Tombeau de la chrétienne, un chef-d??uvre dont les historiens ne sont toujours pas d?accord sur la date de construction, mais il y a une autre curiosité qui caractérise ce monument : le tombeau se trouve dans un lieu isolé et éloigné de plus de 30 km des autres monuments historiques de Cherchell ! Cependant, les visiteurs de ce lieu, dont le nombre ne dépasse pas la douzaine par jour, n?ont pas la moindre relation ni avec le patrimoine historique ni avec le civisme d?ailleurs, reportage? D?après les historiens, cette sépulture royale est antérieure à la réduction de la Maurétanie en province romaine, c?est-à-dire en 40 après J.-C. Toutefois dans sa description du littoral africain, Pomponius Méla, un écrivain et géographe latin de l?époque, a reproduit, avec fort peu d?additions, un ouvrage plus ancien selon lequel il y a quelques raisons d?attribuer à Varron, mort en 27 avant notre ère, la description de ce monument. Par ailleurs, le Tombeau de la chrétienne est postérieur au Médracen (autre monument antique de l?Algérie qui s?élève non loin de Batna au milieu d?un vieux cimetière) puisqu?il en est certainement une copie, mais il faudrait savoir de quand date le Médracen. Tout ce que l?on peut dire, c?est que la forme de ses chapiteaux doriques l?apparente au mausolée de Khroub construit vers 150 avant notre ère. D?où l?on conclura, sans vouloir trop préciser, que le Tombeau de la chrétienne est tout au plus du second siècle. Que cette ruine grandiose soit celle d?un tombeau, cela n?est pas douteux. Il faut évidemment l?identifier avec le monumentum commune regiae gentis (le tombeau commun de la famille royale) qu?un géographe latin Pomponius Méla mentionne sur la côte méditerranéenne entre Caesarea (Cherchell) et Icosium (Alger ). Le Tombeau de la chrétienne est un tumulus funéraire, semblable à des sépultures indigènes, d?ailleurs bien plus petites, qu?on rencontre par milliers dans toute la Berbérie et dans le Sahara. Le Tombeau de la chrétienne est, au point de vue artistique, une ?uvre assez médiocre, mais ce mausolée est intéressant par les contradictions qu?il représente. Elevé comme dans les sépultures primitives des Africains, dans une solitude sauvage, il se montre cependant de très loin comme un de ces sanctuaires que tant de religions ont dressés et dressent encore sur les hauts lieux. Construction de type indigène, il est couvert d?une chemise grecque. A l?intérieur, il est pourvu de voûtes appareillées, d?origine étrangère, de dalles-portes qui ressemblent aux herses en granit des pyramides d?Egypte et en dérivent peut-être par des intermédiaires inconnus. Un tas de pierres destiné à emprisonner des êtres redoutables, il s?orne de portes, purement décoratives il est vrai, mais rappelant celles par lesquelles les demeures des défunts s?ouvrent chez les Romains et chez les Grecs. Le caveau central, qui n?est qu?un agrandissement de la caisse de pierres dans laquelle le mort était enseveli, est précédé de vestibules et d?une longue galerie, donnant accès à ceux qui viennent visiter ses hôtes et leur rendre hommage. La pratique nationale de l?inhumation a probablement été remplacée par l?incinération. Le Tombeau de la chrétienne est le symbole d?un peuple barbare qui, sans renoncer tout à fait à ses vieilles coutumes, ne repousse par les leçons d?une civilisation supérieure.