Secteur à forte valeur ajoutée, l'industrie du tabac en Algérie représente tout bonnement le deuxième pourvoyeur de fiscalité après Sonatrach. La Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), détenteur du monopole sur le marché national du tabac, verse annuellement au Trésor public des dizaines de milliards de dinars au titre de recettes fiscales. Ceci ne constitue en fait que l'aspect « avantageux » de l'industrie du tabac. L'autre aspect est cependant plus dramatique : des milliards de dinars sont dépensés annuellement pour couvrir les pathologies liées directement à la consommation des tabacs. D'après les spécialistes, le tabac induit 25 maladies chroniques responsables de handicaps et de décès. Cancers du poumon, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, bronchites chroniques,... sont autant de pathologies causées directement par la consommation du tabac. « Le coût standard de la prise en charge d'urgence, hospitalisation, examens spéciaux et traitement d'un épisode d'infarctus du myocarde est estimé à pas moins de 450 000 DA pour seulement les 10 premiers jours », nous révèle une source du ministère de la Santé. Une simple multiplication de cette somme par le nombre de cas d'infarctus liés à la consommation du tabac en Algérie peut nous renseigner amplement sur le montant que débourse annuellement le Trésor public pour faire face aux désastres du tabagisme. D'après une étude faite sur le tabagisme, « la consommation de tabac en Algérie a triplé en vingt ans, et un fumeur sur deux a moins de 27 ans ». 30 000 nouveaux cas de cancers y sont diagnostiqués chaque année, soit une augmentation de 50 % du nombre de cas entre 1985 et 2000. Sur un an, près de 20 000 personnes meurent du cancer. Parallèlement, la consommation de tabac a triplé au cours de ces dernières décennies, passant de 7,7 % (taux de prévalence global hommes/ femmes) à 25 %. Le taux de prévalence du tabagisme est de 43,8 % chez les hommes et 6,5 % chez la femme d'après la même étude. Il faut rappeler également que 95% du tabac consommé en Algérie (matières premières) est importé en devises fortes. D'après les statistiques de la Banque mondiale, le coût des maladies liées au tabagisme est de 800 milliards de dollars par an, ce qui est largement au-dessus de tous les « bénéfices économiques » induits par l'industrie du tabac (culture, transport, vente, création d'emploi, etc).