L'avenir du train à Skikda ne peut être que radieux, encore faudra-t-il y garantir l'essentiel. C'est-à-dire les moyens. Déjà qu'avec l'élémentaire, le secteur arrive bon an, mal an à se pourvoir une santé économique assez relative, il reste juste à diversifier les créneaux et à éviter une spécialisation « industrielle » au détriment d'une population qui, elle aussi, a grandement besoin d'être transportée. De ce fait, parler du transport ferroviaire à Skikda implique impérativement deux ou trois points. D'abord, la suppression de la ligne Skikda-Constantine, l'ouverture toute récente et aussi salutaire d'une ligne universitaire et enfin l'aménagement « compensateur » de projet d'une ligne Fil Fila - Skikda. Pour le premier point cité, la desserte ferroviaire Skikda-Constantine n'est désormais qu'un vague souvenir. La liaison, qui faisait auparavant la joie des estivants, des étudiants et des travailleurs de plusieurs agglomérations situées au passage de la ligne, a été supprimée il y a déjà plus de huit mois. On avance que cette décision serait motivée par le faible rendement de la desserte généré par l'abandon des usagers de ce moyen de transport et, à un degré moindre, par le manque de locomotives. Et s'il reste vrai que les usagers, les étudiants surtout, ont fini par fuir ce moyen de transport devant l'insécurité qui caractérisait les wagons, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas là l'unique motivation. Devant l'importance du trafic occasionné par l'essor du port de Skikda, le souci des responsables de la SNTF semble plutôt se concentrer sur la nécessité d'assurer une fluidité pour l'écoulement des marchandises. Le port de Skikda est le 2e port de débarquement des produits métallurgiques au niveau national en assurant 35 % de parts de marché, comme il arrive à se garantir 55 % des parts relatives aux marchandises diverses. Donc, l'intérêt semble légitime d'autant plus que la gare de Skikda, limitrophe de l'enceinte portuaire, dispose d'une gare de triage. La croissance enregistrée par le trafic portuaire semble en quelque sorte forcer la main aux cheminots pour accompagner cette mue. A titre d'exemple, le nombre de wagons destinés à transporter les produits importés a enregistré une hausse de 71 % par rapport à l'année 2003. Les wagons destinés à l'exportation ont également enregistré une hausse de près de 13 %. Les opportunités de développer le transport ferroviaire du port restent encore très larges bien que le volume transporté actuellement dépasse les 140 000 t /an. L'enceinte dispose déjà d'un réseau ferré de 5930 ML et d'un silo à céréales de 20 000 t sans parler d'un parc à conteneurs de 7 ha et projette l'aménagement de 13 autres hectares. Un potentiel qui devrait être accompagné par une multiplication et une diversification de moyens de transport. En plus du trafic portuaire, le chemin de fer assure dans la wilaya de Skikda plusieurs services en relation avec des unités industrielles. A la cimenterie de Hjar Essoud, 30 000 t sont transportées annuellement, en plus de 24 000 t des produits du complexe pétrochimique et 80 000 t de Naftal. Opportunités Pour la nouvelle desserte universitaire, elle a été mise en service en février 2004. Elle assure la liaison entre Skikda et l'annexe universitaire de Azzaba. Fruit d'une convention liant l'université de Skikda à la SNTF, la rame de 6 wagons arrive à transporter plus de 3000 étudiants à raison de cinq navettes par jour. Un moyen qui est venu se substituer aux aléas du transport terrestre assuré auparavant par pas moins de 40 bus. Cette initiative a été diversement accueillie par les étudiants. Certains y voient un moyen plus sûr, alors que d'autres jugent que le temps du circuit est trop long. Néanmoins, on s'accorde plus ou moins à reconnaître que cette initiative a surtout permis de faire sortir la gare de Skikda de sa monotonie. Aujourd'hui, ce joyau architectural revit, même si le fait d'être visité par des milliers d'étudiants n'a pas suffi à amener les responsables à assurer une hygiène à la mesure des aspirations. Les lieux donnent un aspect repoussant et atténuent la splendeur d'une bâtisse qui suffoque. Le projet d'une ligne Fil Fila - Skikda est, quant à lui, une vieille et longue histoire où s'interposent nécessité et utilité. Fil Fila, ville natale de Maghlaoui, ministre des Transports, est une commune située à plus de 22 km à l'est de Skikda. C'est globalement une ville-dortoir où vivent plus de 28 000 habitants qui dans leur majorité doivent se déplacer à Skikda. Depuis la fermeture de la route front de mer à l'est de Skikda et qui traverse la plate-forme pétrochimique au cours des années 1970, la liaison a été bifurquée vers un autre chemin plus long et plus sinueux. Les 72 véhicules qui devaient assurer le transport des citoyens ne jouent désormais plus le jeu, prenant en otage toute une population. Ce qui amena les responsables locaux à préconiser un moyen de transport de masse : le chemin de fer en l'occurrence. Le projet est aujourd'hui à sa phase d'étude de faisabilité. Selon le directeur des transports de la wilaya, devant les spécificités sécuritaires et la sensibilité du pôle hydrocarbures de Skikda, il a été demandé de proposer plusieurs variantes pour diversifier les choix et aussi permettre la concrétisation de la liaison. Selon ses dires, l'étude devrait comporter l'étude des variantes des tracés, de l'opportunité, de reconnaissance et aussi d'impact sur l'environnement. Mais on avance çà et là que le tracé aurait certainement à éviter le plus court chemin qui passe par le pôle hydrocarbures. Il sera difficile dans ce cas d'aménager un tracé ailleurs vu la topographie des lieux limitrophes. Mais gageons qu'un jour peut-être, le train sifflera à Fil Fila.