Même s'il est mentionné dans le dispositif de mise en œuvre du Programme de développement agricole et rural élaboré en 2002, le caractère impératif, à des fins de préservation des parcours, de la mise en défens du tiers du territoire des communes steppiques, il n'empêche que l'incurie sévissant à grande échelle en termes d'exploitation de la steppe rendue fragile par une richesse récurrente et une sur-utilisation des parcours n'a aucunement connu un quelconque fléchissement. Plutôt, elle s'est accentuée de concert avec l'inconsistance des APC, qui ne semblent pas appréhender leur rôle dans la préservation du milieu. Le plus incompréhensible réside dans le fait que les APC ne semblent pas disposées à adhérer à la formule du partenariat initiée par le Haut-Commissariat au développement de la steppe (HCDS), justement pour mettre un terme à la dégradation des parcours pour assurer la pérennité de l'activité de l'élevage et préserver les écosystèmes. La formule d'aménagement pastoral préconisée par le HCDS se fonde sur le volet de la plantation des parcours qui ont atteint une dégradation avancée et le volet de la mise en défens pour les parcours moyennement affectés par la dégradation. Formule qui n'est cependant réalisable qu'avec l'aval de l'APC sur la base d'une délibération finalisée par un arrêté du wali. Il faut préciser que les opérations de plantation et de mise en défens sont à la charge du HCDS et qu'après trois années l'APC réceptionne les périmètres pour les louer à des éleveurs, ce qui lui procure des revenus substantiels, notamment depuis que le produit de la redevance est passé de 30 à 70%. La situation est alarmante au niveau de la wilaya de M'sila, où pas moins de 500 000 ha de parcours sont dégradés à 100%, 770 000 affectés par la dégradation à 70%, 296 000 sont dégradés à 50% et 118 000 dégradés à 10%. C'est pour appréhender l'ampleur de cette dégradation qu'une visite conjointe du wali de M'sila et du haut commissaire au développement de la steppe (HCDS), M. Kacimi, avait été organisée au milieu de la semaine écoulée pour mesurer l'impact des réalisations entreprises par le HCDS au profit des populations confinées dans les zones les plus reculées des territoires des communes rurales. Il nous a été donné de constater lors de la visite de ces deux responsables, à travers les 12 communes rurales, que l'approche du HCDS reposait sur l'implication des communautés. A partir de ce principe nodal s'était cristallisées les réalisations en direction de ces populations. Réalisations de ceds de dérivation pour l'irrigation par épandage de diguettes pour la protection des terres agricoles de l'érosion et d'autres ouvrages encore qui ont permis la stabilisation de ces populations avant l'avènement même du programme de développement rural. Dans son bilan des cinq dernières années, le HCDS, direction régionale de M'sila, a réalisé en matière d'aménagement pastoral par la plantation d'une superficie de 33 598 ha et la mise en défens d'une superficie de 64 000 ha. L'autre élément majeur ayant contribué à la stabilisation des populations rurales a été la mise à disposition de l'eau, d'une part, l'aménagement de points d'eau à travers des djoubs, captage de sources et puits pastoraux ayant permis la mobilisation de 1 058 700 m3/an et l'abreuvement de 290 000 têtes ovines/ an et, d'autre part, la réalisation de points d'eau à travers des forages, djoubs, mares et puits pastoraux ayant permis de mobiliser un volume de 1 098 000 m3/an pour l'abreuvement de 305 000 têtes ovines/an. L'autre élément ayant contribué à stabiliser les populations durant ces cinq dernières années lit-on dans ce bilan, c'est la protection des terres agricoles de l'érosion en domestiquant les eaux pluviales à travers la réalisation d'ouvrages de conservation des eaux et sols (CES) ayant permis la protection de 17 000 ha de l'érosion et également l'accroissement des rendements des terres agricoles par la construction de 138 ceds de dérivation, lesquels avec l'apport des crues de matières organiques enrichissent les terres agricoles, engendrant une production fourragère de 60 millions d'unités fourrage par an. Tout ce qui a été réalisé durant ces cinq dernières années ne représente rien par rapport aux besoins des populations rurales réparties dans l'immensité des parcours steppiques. Par rapport à la forte dégradation des parcours sévissant au niveau de la wilaya de M'sila, les taux de 2,6% et 5,1% réalisés durant les cinq dernières années, respectivement en matière de plantation pastorale et de mise en défens, indiquent a priori la faiblesse des réalisations, que le HCDS aurait échoué dans l'atteinte de ses objectifs. « Faux, nous dira Ibrahim Youcef, responsable du HCDS. les opérations de plantation pastorale et de mise en défens dépendent du bon vouloir des APC, d'une part, et, d'autre part, le HCDS n'est pas doté de moyens et ne peut aller au-delà de ses capacités. » Et d'ajouter : « La situation des parcours est alarmante et la visite conjointe de M. Kacimi et du wali de M'sila dans ces communes laisse augurer une prise en charge plus conséquente de ce patrimoine à travers la préservation des parcours steppiques. » Au terme de ce périple de deux jours, le wali de M'sila semble satisfait des initiatives réalisées par le HCDS au niveau de la wilaya de M'sila au profit des populations rurales et n'a pas manqué de souligner que les collectivités locales vont être mises à contribution pour généraliser la démarche du HCDS au niveau des communes afin de permettre la stabilisation des populations rurales pour la redynamisation des activités économiques en milieu pastoral et d'endiguer toute velléité d'exode.