L'incurie qui sévit actuellement dans l'exploitation de la steppe, fragilisée par une sécheresse récurrente et une surutilisation des parcours que l'inconsistance des APC est venue exacerber, augure une désertification systématique de territoires de dimension continentale, rendant la jonction entre le désert et les côtes méditerranéennes inéluctable. Cette situation est rendue plus plausible quand plus de 300 communes, composant à l'échelle nationale la steppe et constituant l'espace vital pour une population rurale estimée à 7 millions d'habitants tirant leurs revenus de l'élevage, ne semblent pas adhérer à la formule du Haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS) pour mettre un terme à la dégradation des parcours. Cette formule est fondée sur le volet de la plantation des parcours qui ont atteint une dégradation de 100 %, et le volet de la mise en défens pour les parcours moyennement dégradés. A niveau de la wilaya de M'sila où plus de 1 200 000 ha de parcours sont diversement dégradés, avec 500 000 ha totalement dégradés, l'effort de lutte contre la désertification à travers la formule du HCDS est demeuré en deçà de ce que requiert la situation qui est entrée depuis longtemps dans la phase de l'urgence. Cet effort a permis de procéder à la plantation durant la période 1994-2004 de 31 856 ha et la mise en défens de 61 500 ha. L'avancée du désert au niveau de cette wilaya steppique est dévastatrice. Une aire de 22 500 ha de cordons dunaux, traversant la wilaya d'est en ouest, constitue la matérialisation du phénomène. Cette année, le cordon dunal visible au nord de Bou Sâada s'est étendu au nord-est et a envahi la commune de Maârif, interrompant la circulation routière sur un tronçon de la RN 45. Cette superficie dunale envahissante des terres agricoles est en phase d'engendrer des pertes substantielles de capacité de production. Cette formation dunale qui s'étale sur de vastes étendues a inondé des agglomérations entières, étouffé des ouvrages d'art et changé l'aspect du paysage. Bou Sâada est en passe d'être absorbée par le cordon dunal, en dépit du traitement continu qui a visé la stabilisation des sables. Ajouter à cela les effets dévastateurs des surpâturages, qui constituent un facteur supplémentaire dans l'accentuation de la désertification. Il faut dire qu'à défaut d'une politique appropriée pour une prise en charge effective de ces immenses territoires que constitue la steppe, dont la dégradation a atteint des proportions alarmantes, pour les soustraire de la tutelle des communes et pérenniser une activité économique séculaire présentement menacée, il est illusoire d'entreprendre une quelconque action pour lutter contre le phénomène de désertification, qui est en phase de toucher les côtes méditerranéennes.