L'ère Bouricha est révolue à la wilaya de Blida. Restent à déterminer les modalités des bilans et les traces qu'il aura laissées pour l'histoire dans cette contrée. Région qui aura tout vu : terrorisme, enrichissement illicite, développement du marché informel... L'ostentation, l'opulence et les signes extérieurs de richesse pour une minorité qui ne pouvait justifier son train de vie a vu également le jour dès 2000. Fervent supporter du Président Bouteflika, il a mené une campagne de soutien à la politique présidentielle, campagne obligatoire pour l'administration dans la wilaya et les daïras. Il y aura jusqu'à l'implantation d'un panneau de plus 3 m² à l'entrée du siège de l'APC de Beni Tamou, à majorité MSP, de portraits de MM. Bouteflika, Bouricha et du maire du village. En 1999, moins de trois mois après sa nomination à la tête de la wilaya de Blida, en remplacement de M. Melizi parti à Annaba, il a mis fin aux fonctions du responsable de la cellule de communication et a ôté de son bureau la ligne directe. Après, le numéro vert - le fameux trois fois 39 - disparaîtra et la parution du mensuel Mitidja Actualités, bulletin complet de la wilaya, se trouvera suspendue. Des responsables au niveau du siège ont déclaré retenir, en réaction à l'annonce de la fin de fonction, que l'ère de M. Bouricha était synonyme d'échanges de cadeaux et de réunions sans fin. Peu de projets ont été lancés dans le domaine de l'habitat et de l'industrie. Sur le plan culturel, le festival de la musique andalouse, qui en était à sa troisième édition, a été arrêté en plein élan et aucune manifestation d'envergure n'a pu justifier la supposée place culturelle occupée par la wilaya dans le giron national. Bien avant le second mandat du président Bouteflika et jusqu'à ces derniers mois qui ont vu le scandale des factures aux montants plus que surévalués, tout citoyen de Blida un tant soit peu introduit vous évoque les dépassements dans la gestion des affaires courantes de la wilaya, allant du logement au foncier agricole en passant l'agroalimentaire et le commerce à grande échelle. Passons sur les frasques de Abdou El Ilah Bouricha, auditionné la veille de la démission du père par la police et maintenu en garde à vue pour non-justification de « cadeaux » s'élevant à des millions de dinars, les fréquentations du wali même avec l'homme qui « raflait » les marchés de gré à gré jusqu'à « énerver » le président de la République qui a annulé ce genre de marchés ; tout cela a plus que désorienté la société civile. Cet homme d'affaires, qui serait derrière des surfacturations de marchandises livrées aux APC et au CHU Frantz Fanon, aurait disparu. Il fait l'objet d'un mandat d'amener. Le président de l'APC de Blida, malmené à cause cette affaire, a tenté de protéger les deniers de l'Etat. Pour exemple, des lits de malades mentaux ont été facturés à 28 000 DA l'unité. Somme à multiplier par 1600, le nombre des lits. Les deux dernières sorties du wali sur le terrain, débaptisation d'une école à Bouinan et inauguration d'une aire de jeux à El Affroun, ont été l'occasion pour lui de réitérer sa confiance à ceux qu'il avait nommés en vilipendant les cadres de la wilaya qui avaient rendu compte lors des commissions d'enquête et auditions au tribunal du fait qu'ils recevaient des ordres auxquels il fallait se plier.