Accusé de trafic de véhicules, le fils de l'ancien wali de Blida a été libéré lundi soir. La chambre d'accusation près la cour de Blida l'a placé sous contrôle judiciaire, tout comme ce conseiller à la présidence. Seuls le patron de Jutop et le conseiller au ministère de la Justice sont maintenus en détention préventive. La chambre d'accusation près la cour de Blida a libéré lundi soir Abdelilah Bouricha, fils de l'ex-wali de Blida, a-t-on appris de source judiciaire. Détenu depuis plus de quatre mois, dans le cadre de l'affaire liée au trafic de véhicules de type grosses cylindrées, le fils de l'ancien responsable de l'administration locale a été placé sous contrôle judiciaire en attendant le procès de cette affaire qui, vraisemblablement, se réduit au fil du temps à sa plus simple expression. Abdelilah Bouricha avait été arrêté alors qu'il conduisait un véhicule tout-terrain type grosse cylindrée, introduit sur le territoire national avec de faux documents. Selon les informations révélées par des sources judiciaires, plusieurs autres véhicules dans la même situation ont été par la suite récupérés. Il est à signaler que cette affaire avait déjà été traitée par les services de police il y a quelques années alors que Bouricha était toujours wali, mais elle est vite étouffée et les faux documents (ainsi que les véhicules) sont restitués à leurs propriétaires. L'arrestation surprise et très médiatisée d'Abdelilah Bouricha avait suscité de nombreuses interrogations au sein de la population de Blida. Celle-ci était sceptique quant à la volonté de la justice d'ouvrir véritablement ce dossier et juger toute personne impliquée de près ou de loin dans ce qui a été présenté comme étant un immense trafic en tous genres, qui s'est développé dans la wilaya avec la complicité de certains responsables locaux. La série d'arrestations qui a touché de hauts responsables de l'Etat et de puissants industriels de la région de Blida a fait croire à une opération main propre, même si certains ne voient là qu'un règlement de comptes. Après l'arrestation d'Abdelilah Bouricha, un mandat d'arrêt a été lancé contre Boukrid, un richissime homme d'affaire, très proche de l'ancien wali, qui aurait servi dans ce trafic de véhicules mais également dans d'autres affaires liées au détournement du foncier et la surfacturation d'achat de produits divers destinés à la wilaya et de climatiseurs pour l'hôpital de Blida. Ce commerçant est à ce jour en fuite. Quelques semaines plus tard, le parquet de Blida a placé sous mandat de dépôt le grand promoteur immobilier Hadji qui, faut-il le rappeler, était déjà en détention pour l'affaire de la construction de l'hôtel de Sidi Fredj, le patron de Jutop ainsi que deux conseillers, l'un à la Présidence et l'autre au ministère de la Justice. Entre-temps, l'ex wali a été entendu par le procureur général, et ce, à trois reprises. Plusieurs dossiers sont constitués pour cerner toutes les ramifications de ce scandale. Dilapidation de deniers publics, détournement, trafic de véhicules et d'influence sont entre autres les accusations retenues contre l'ancien wali, son fils et les trois autres responsables. Alors que la première étape commençait à s'achever, la chambre d'accusation, et dans la discrétion la plus totale, a mis en liberté le conseiller à la Présidence, le fils de l'ancien wali ainsi que Hadji. Seuls le patron de Jutop et le conseiller du ministre de la Justice restent en détention provisoire. Mieux, le dossier de Mohamed Bouricha n'est toujours pas transmis à la Cour suprême. Cette haute instance est seule habilitée à désigner le juge d'instruction qui se chargera d'entendre l'ex-wali sur toutes ces affaires avant de transmettre son dossier à un tribunal pour être jugé. Lors de l'arrestation de son fils, au mois de mai dernier, Bouricha s'est montré très confiant devant la presse locale. L'intérêt que portait la presse locale et nationale à ce scandale l'a quelque peu gêné au point qu'il y a quelques jours, il avait accusé les journalistes d'être « la cause » de ses démêlés avec la justice. Loin des regards curieux des médias, la justice a fini par vider de sa substance cet « immense dossier lié à la corruption et au détournement du foncier agricole », présenté par le parquet de Blida au début du mois de mai 2006. Il n'est donc pas étonnant de voir, dans quelques semaines, des lampistes payer pour les gros bonnets.