Le hall de la centrale syndicale UGTA est investi, depuis lundi 9 mai, par plus de 150 travailleurs de l'entreprise Mahira, sise à Frenda (wilaya de Tiaret), spécialisée dans la chaussure. Le déplacement à Alger de quasiment la moitié de l'effectif de cette filiale du groupe public Leather Industry SPA (ex-EMAC) se veut un « SOS » à l'adresse des autorités centrales. « Nous sommes venus à Alger après avoir épuisé tous les recours. Les décideurs locaux, aussi bien à la wilaya qu'à la daïra, nous ont explicitement signifié leur indigence quant à une issue positive de l'avenir de notre entreprise », nous dira le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Ahmed Benachra. En activité depuis 1984, le complexe Mahira ne produit pratiquement plus, engendrant ainsi une situation de banqueroute. Résultat : les salaires ne sont plus versés depuis plus d'une année sans que le sort des travailleurs soit tranché. A contrario, atteste un membre de la section syndicale, les capacités du complexe, au vu de ses équipements ultramodernes et la qualification de ses ressources humaines, sont tout à fait aptes à placer le produit sur le marché international. « Nous avons déjà exporté même en Italie, pays où l'industrie de la chaussure est presque hermétique à la marchandise étrangère. Notre griffe a été écoulée également en France, en Russie, en Libye et en Arabie Saoudite », révèlent les travailleurs. Les déboires du complexe Mahira ont commencé avec l'ouverture du marché qui reste fortement dominé par l'importation de produits bas de gamme, notamment de Chine. Confrontée à cette concurrence déloyale, l'entreprise est en passe de mettre la clé sous le paillasson. Une option que les travailleurs refusent, car croyant dur comme fer à la capacité des pouvoirs publics de sauver l'entreprise. « L'Etat est en mesure de nous sauver en passant commande au bénéfice des corps constitués. Il y a quelques années, notre usine a fabriqué des rangers au commandement des gardes communaux. Nous pouvons équiper la gendarmerie, la police et la protection civile », soutiennent les travailleurs. Reçus par Abdelmadjid Sidi Saïd et les dirigeants du groupe Leather Industry dont le siège est à Hussein Dey, les employés de Mahira n'ont obtenu aucune promesse ferme. « Nous n'avons eu droit qu'à la compassion. Cela ne nous fera pas vivre, car le plus chanceux d'entre nous traîne avec une dette de 10 millions de centimes », déplore le secrétaire général de la section syndicale. A défaut de garder leur outil de travail, les représentants des travailleurs proposent toutefois une alternative : « Si l'on veut fermer le complexe, qu'ils nous versent une indemnité de 5 mois de salaire et qu'on n'en reparle plus. ».