Dans une longue lettre au DG du groupe « Leather Industry », secteur cuir, dont dépend la marque de chaussures Mahira, établie à Frenda à 50 km à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Tiaret, le syndicat vient de lancer, une fois de plus, un SOS pour sauver l'entreprise et ses 350 employés jusque-là condamnés au chômage car n'ayant pas perçu de salaires depuis plus de six mois. L'entreprise, sans plan de charges conséquent, traîne une dette de 20 milliards dont 15 millions de dinars au titre de dettes fiscales et para-fiscales et ne tourne qu'à 0,5% de ses moyens. Une situation qui la met en situation de quasi-faillite commerciale puisque même son capital social, estimé initialement à 400 millions de dinars, a été consommé à raison de 90%. Mahira, issue de l'entreprise dissoute EMAC et fruit d'une restructuration, a jusque-là survécu au plan d'ajustement structurel, comme n'ont pu le faire certaines entités industrielles de la région, bien qu'elle ait pu se séparer de la moitié de son effectif qui était de 700 travailleurs en 1998. Mahira, une marque de chaussures de bonne qualité qui avait commencé, un certain temps, à exporter ses produits, ne pouvait faire face à la rude concurrence, encore moins résister à certaines velléités de la réduire au silence. Certains bruits de coulisses ayant résonné depuis la dernière bipartite semblent avoir sonné le glas pour une entreprise qui nourrissait des centaines de familles à Frenda, une région pauvre, à grande concentration humaine et surtout sans perspectives réelles. Le SOS que lancent aujourd'hui travailleurs et syndicat reste, nous confiera M. Benachera, secrétaire général, dicté par un vœu de voir les pouvoirs publics et le ministère de la Solidarité lui venir au secours, comme ils l'ont fait ailleurs. A moins d'une improbable reprise par un privé, l'on voit mal une usine de la trempe de Mahira fermer ses portes. Des solutions existent, disent, unanimes, certains. Comment ? « Par le soutien de l'Etat à travers des commandes pour chausser les corps constitués. » Le collectif vient de produire 264 000 paires de demi-bottes (genre Rangers) dans les délais prescrits, d'où sa solvabilité. « Nous pourrons bien nous accommoder d'un partenaire étranger ou national », clament-ils. A défaut, ils souhaitent un départ volontaire dans le cadre de la compression d'effectif avec l'octroi d'une indemnité forfaitaire de deux millions pour chaque travailleur compressé. Vu que 80% de l'effectif y souscrivent, est-on prêt à débourser...56 milliards ?