Après une attente qui a duré plus de dix-huit mois pour le règlement de la situation conflictuelle que traverse l'entreprise publique Cotosud, dont le siège social est au chef-lieu de wilaya de Laghouat, à environ 400 km au sud d'Alger, pas moins de 100 travailleurs, sans salaires depuis quinze mois, se sont déplacés lundi à la capitale et ont tenu un sit-in devant la Maison du peuple (siège de l'UGTA). Leur but est de tirer, une fois de plus, la sonnette d'alarme et interpeller Sidi Saïd sur leur situation sociale désastreuse. Le patron de la centrale syndicale UGTA leur a fait la promesse de leur régler le problème des salaires impayés avant le 10 mai. En vain. Une promesse, dit-on, qu'il leur a faite lors de son passage dans la région de Laghouat à l'occasion de la Fête internationale du travailleur. Déçus par la promesse non tenue par le patron de la centrale syndicale, les travailleurs protestataires s'interrogent sur le paradoxe caractérisé par le fait que l'entreprise publique Cotosud est en bonne santé financière du fait qu'elle comptabilise plus de 4 milliards de centimes, gelés dans la banque, et que son produit est de bonne qualité, d'une part, de l'autre, elle patauge dans de faux problèmes qui pénalisent les salariés. Beaucoup d'entres les travailleurs accusent “la mafia du coton” qui active dans le but de fermer le complexe de Laghouat. Ce fleuron de l'industrie textile qui a coûté pas moins de 100 milliards de centimes, est l'otage, nous dit-t-on, d'une “poignée de trabendistes'' qui se font passer pour des investisseurs. Les travailleurs de Cotosud, filiale du groupe Texmaco, spécialisée dans la cotonnade et la draperie, n'ont pas caché leur déception et le quotidien misérable qu'ils endurent. Parmi eux, il existe ceux qui sont menacés d'expulsion de leur demeure pour cause de non-paiement de loyer, d'autres se sont rabattus sur les aides des voisins et autres amis de leur famille. En raison de non-règlement des factures d'électricité, Sonelgaz serait dans l'obligation de couper l'électricité pour beaucoup d'entres eux. Ces derniers utiliseront la bougie pour permettre à leurs enfants de réviser leurs cours à la veille des examens. Pis, selon des indiscrétions, certaines femmes auraient même demandé à leurs époux de divorcer. Ne dit-on pas que la faim n'a pas d'honneur ? A. BOUHAMAM