Contrairement aux autres professions de santé, celle de sage-femme, de statut paramédical, demeure parmi les plus difficiles, les plus nobles et les plus ingrates. Activant durant des années au sein de quelques associations, les blouses roses ont décidé de se regrouper depuis une année au sein d'une organisation professionnelle, la seule représentant les sages-femmes à l'échelle nationale. Neuf mois après la tenue des assises du congrès régional Est de l'Union nationale des sages-femmes algériennes (Unsfa) qui s'est déroulé les 9 et 10 août 2004 à Constantine, quelques semaines à peine après le congrès national d'Alger, l'Unsfa de la région est a organisé, au palais de la culture Malek Haddad, sa première rencontre officielle à l'occasion de la Journée mondiale de la sage-femme, en présence des représentantes de 16 wilayas de l'Est algérien. Présidée par Mme Sakina Benidir, vice-présidente de l'Unsfa pour la région Est, la rencontre a été marquée par l'organisation d'une journée scientifique à laquelle ont pris part d'éminents spécialistes en obstétrique et gynécologie, où les thèmes débattus par l'assistance ont touché la contraception chez l'adolescente, la grossesse et l'accouchement à moindre risque, la prévention contre l'hépatite B et les mesures à prendre pour une meilleure prise en charge de la mère et de l'enfant. Outre son caractère scientifique, l'occasion a été saisie par les sages-femmes pour rappeler encore une fois les difficultés dans lesquelles elles continuent d'exercer leur métier face au manque cruel de moyens matériels, mais surtout des médecins spécialistes, notamment les gynécologues. Pour la toute jeune Unsfa qui n'a pas encore bouclé sa première année, un long travail de mobilisation est à entreprendre auprès des praticiennes toujours réticentes à y adhérer, pour une prise de conscience de leur statut, surtout qu'elles se retrouvent souvent seules face à une dure réalité. Pour preuve, le nombre de sages-femmes traînées jusqu'ici devant les tribunaux pour des cas de décès dont elles ne sont pas responsables, est de plus en plus inquiétant. « La sage-femme fait de son mieux pour sauver la mère et son enfant, elle doit agir dans certaines situations en l'absence du médecin », nous déclarent des participantes qui expliquent que, malgré des années d'exercice, elles subissent toujours le stress dans la salle d'accouchement du fait qu'elles ne bénéficient d'aucune couverture. D'autres nous avouent vivre des tas de problèmes avec les femmes cardiaques, diabétiques ou celles présentant des risques d'hypertension. Certaines maternités comme celle du CHU Benbadis accueillent quotidiennement des femmes enceintes évacuées des wilayas lointaines dans une situation critique. « A Constantine, l'Unsfa commence à peine à se structurer, en l'absence d'un bureau et des moyens de communication qui nous permettront d'installer et de maintenir le contact avec les cellules au niveau des établissements sanitaires dans une wilaya qui compte pas moins de 600 sages-femmes », nous dira Mme Benidir, vice-présidente pour la région Est. Côté formation, l'Unsfa estime que le niveau d'instruction des futures sages-femmes durant les trois années passées à l'institut de formation paramédicale demeurent insuffisantes et propose de renforcer les cours pratiques, notamment en matière de consultation prénatale, la préparation à l'accouchement et le suivi post-natal. « Notre but est de rassembler toutes les sages-femmes autour d'un programme d'action qui vise essentiellement à sensibiliser la jeune génération contre les risques des maladies sexuellement transmissibles, alors que les jeunes filles, lycéennes et universitaires ont besoin d'une campagne à grande échelle pour une meilleure vulgarisation de la contraception et une prévention pour une grossesse à moindre risque », conclura Mme Benidir. Une mission qui n'est pas de tout repos et pour laquelle l'Unsfa sollicite toute l'aide des autorités locales et de la direction de la santé de la wilaya de Constantine.