La nostalgie des sources brillait dans les yeux de Guem. Dès son apparition sur la scène du palais de la culture de Constantine, la perle noire de Batna ouvre son cœur au public de son pays natal et conjure son mal en convoquant les esprits. Les rythmes s'emballent et fusent de partout. Ame sensible s'abstenir. Après 40 ans d'errance sur les plus prestigieuses scènes du monde, Guem revient en Algérie et inaugure le Dimajazz. Les présentations ainsi faites, « l'orage » fait irruption et se met en scène à travers la grande famille de percussions ; l'improvisation prend le pas et libère les corps. L'un après l'autre, les morceaux de Guem puisent dans la nature les représentations originelles. Au début, il y avait le rythme. En binaire ou en ternaire, ils se conjuguent à la richesse des peuples et au savoir du maître, esprit ouvert comme une fenêtre sur le monde. Il affirme d'ailleurs : « La musique appartient à tout le monde et comme j'aime à le dire, le rythme n'est pas noir... Chaque être a chaque chose à donner, mon but est de le réveiller. » Depuis son premier album Percussions africaines enregistré en 1973, Abdelmadjid Guemguem, de son vrai nom, ne cesse de taper les cuirs pour réveiller les corps et aussi les esprits. Humble défricheur, il demeure lui-même un éternel apprenti de son art, passionné, complexe et surdoué pour le rythme qu'il cultive, comme il traverse sa vie et sa carrière. Une carrière fulgurante qui atteint son sommet avec Le serpent enregistré en 1996 pour le générique de « ça se discute ». Le public nombreux qui a assisté à l'ouverture du Dimajazz a pu découvrir lui aussi Le serpent mais aussi Nostalgie, Ruisseau, Combat de coq et de longues improvisations appuyées par les envolées de Rachid Metager sur les congas cubaines, Ibrahima Diabaté sur le doum doum et Issaka Sow sur le djembé. Le concert de Guem était tout simplement un véritable moment de plaisir. La troisième édition du Dimajazz a réussi son premier pas et assume une fois de plus sa prétention de carrefour des musiques du monde et du jazz ouvert. Le passage inaugural du maître du malouf, Selim Fergani, n'était d'ailleurs qu'une preuve de plus.