Accélération vertigineuse pour les deux dernières soirées du Dimajazz. Avec un jazz funk urbain, les Suisses de B-connected ont obtenu mercredi toute l'adhésion des abonnés au festival. La bande à Moreno était si bien huilée ce soir au point qu'on aurait juré qu'elle sortait d'un quartier noir de Chicago. Le parfum et le groove du George Washington band montaient aux esprits. B-connected (soyez connectés), amputé du guitariste Eugène Montenero, n'a pas caché son coup de foudre pour Constantine et pour le public du Dimajazz comme l'a bien exprimé le saxophoniste Moreno Helmy par les mots avant la musique. Une musique qui s'adresse aux sources, Conversation avec Miles, et se projette dans des lendemains meilleurs Realise your wish pour transmettre toute la bonhomie du groupe et sa joie de vivre. La soirée de clôture devait se jouer en sold-out. Le rush a, cependant, dépassé toutes les prévisions et failli déborder des cadres de l'organisation. Des dizaines de personnes, les billets en main, ont dû assister debout au concert d'Aka Moon. Situation pénible et rageante jusqu'à l'apparition sur scène de Fabrizio Cassol et les siens qui, tout de suite, vont faire disparaître les tracas. L'invité David Gilmore s'aligne lui aussi et arbore sa Gibson rouge sang. Les doutes s'estompent et l'amalgame est vite levé sur son identité. Celui-là vient de New York, il est noir et se compte parmi les meilleurs guitaristes actuels de jazz. L'ascension akamoonienne commence alors par l'inévitable Ursula and the wind danse. La musique monte en spirale et accélère au fur et à mesure qu'elle avance. La salle chauffe et transmet son énergie au groupe. On enchaîne alors sur les titres de Guitars. Le spectacle ressemble de plus en plus à celui de l'édition précédente, mais on ne se lasse jamais d'une telle performance. A La Luce de Paco, Last Call from Jaco et Billies dream s'égrènent et envoûtent l'assistance jusqu'à la domination. Les initiés suivent les musiciens et scrutent le moindre détail dans leur jeu. Peine perdue, reconnaissent certains. Le jeu en mitraille de Stéphane Galland est insaisissable, celui de Michel Hatzigeorgeou est surhumain. Les deux allient technique, fluidité, force et sensibilité tels les quatre éléments de la nature qui se confondent et font un pour devenir une prière, conduite par le saxophone de Fabrizio Cassol. On ne s'en sort pas indemne d'un tel voyage, on le savait d'ailleurs. Au coup final, le public est lâché sans parachute. 1, 2, 3, l'hypnose est terminée. Fabrizio s'adresse au public encore assommé et fait part de son bonheur avant de demander aux Constantinois de soutenir le Dimajazz et toute l'équipe de jeunes qui veillent à son organisation. Message reçu cinq sur cinq. Le festival constantinois est adopté. C'est désormais une valeur sûre qui peut compter sur les siens. Rendez-vous l'année prochaine.