Les professeurs de sciences islamiques n'ont pas pas pu tenir leur rencontre prévue jeudi dernier à 14h au siège de l'UNPEF (syndicat des professeurs du fondamental) à Alger. Convoquées au lendemain de la décision supprimant la filière des sciences islamiques dans le cycle du secondaire, prise par le ministère de l'Education nationale, ces assises devaient réunir des délégations d'enseignants venues des quatre coins du pays. Une centaine de professeurs, qui était déjà sur place, a dû quitter les lieux après avoir eu vent d'une « instruction venue d'en haut ». Celle-ci enjoignant l'UNPEF de ne pas mettre ses locaux à la disposition des enseignants. Un groupe de professeurs rencontré sur place pointe du doigt le ministre du secteur, Boubekeur Benbouzid, d'être derrière « l'interdiction ». « La tutelle fait tout pour étouffer notre voix », accusent-ils. Par le biais d'une coordination nationale, créée récemment, les enseignants entendaient expliquer, lors cette sortie « avortée », que « la démarche de Benbouzid ne repose sur aucune logique ». « En supprimant la filière des sciences islamiques, le ministère de l'Education nationale sanctionne un pan entier de la communauté lycéenne », relève le président de la coordination, Mohamed Benhaoua. Pas moins de 40 000 candidats au baccalauréat, dont 15 000 libres, sont inscrits dans la filière. En 2004, ajoute-t-on, le taux de réussite a été de 67%. « Parmi toutes les filières, celle des sciences islamiques a toujours été classée en 2e position au niveau national. La supprimer est une aberration », soutiennent les enseignants. Si le point essentiel a trait au fait qu'il n'y aura plus de baccalauréat sciences islamiques, les professeurs s'interrogent aussi sur les motifs qui ont amené la tutelle à « sabrer » de moitié les cours d'éducation religieuse. De 2 heures par semaine, ceux-ci passent à 1 heure hebdomadaire tandis que les classes de terminale série sciences et technologie seront carrément « hors circuit ». Autre doléance émise par la coordination, le devenir des candidats libres. Ces derniers, venant quasiment tous des zaouïas, sont par conséquent incapables de préparer un baccalauréat autre que celui de sciences islamiques. Pour la coordination, il s'agit là d'une volonté manifeste de verrouiller la porte de l'université à cette catégorie. Les professeurs s'inquiètent, par ailleurs, quant à leur carrière, affirmant qu'une éventuelle reconversion, promise par le ministre, ne réglera pas le problème. « Je suis spécialiste en théologie et non pas en sciences physiques », soutient un professeur d'un lycée d'Alger. Bien que la rencontre n'ait pas eu lieu, des personnalités religieuses et politiques se sont rendues au siège de l'UNPEF, à l'exemple du vice-président de la commission éducation à l'APN, du chef du rite ibadite pour la région d'Alger et du vice-président du MSP, Abderrazak Mokri.