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Les deux visages de l'Amérique
Quand Saint Paul veut ressembler à New York
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2005

Saint Paul est une petite ville de 300 000 habitants. Capitale politique de l'Etat du Minnesota à la frontière nord avec le Canada, Saint Paul compose, avec sa sœur jumelle Minneapolis, plus attractive et plus active, The Twin Cities.
Le maire de Saint Paul est inquiet. Sa réélection à un second mandat n'est pas certaine. Elu démocrate en 2001, il a voté pour le candidat des républicains à la présidentielle de 2004. La volte-face a fait grincer des dents dans son parti d'origine. Il l'aura en face de lui lors de la prochaine échéance. Mais Randy Kelly n'en a cure. Pour lui, les habitants de Saint Paul cherchent avant tout, dans leurs hommes politiques, un fort leadership et des résultats. Des qualités qu'il pense avoir suffisamment montré lors de son premier mandat. Son choix pour G. W. Bush a été celui du « cœur ». « Des deux candidats en course, il était le meilleur pour l'intérêt du pays », répond-il. Le 11 septembre 2001 a eu une résonance particulière dans cette partie des Etats-Unis. L'analogie entre The Twin Towers et le nom de ces deux villes y est peut-être pour quelque chose. Le maire se montre un supporter inébranlable de l'engagement des troupes américaines en Afghanistan et en Irak. Son plaidoyer est philosophique. « Nous vivons dans un monde dangereux », estime-t-il. « La liberté pour tout le monde n'est pas gratuite. Chaque génération a consenti des sacrifices. Il y a eu le Vietnam durant ma génération, la Corée durant la génération de mon père, la première et la deuxième guerres mondiales. Bref ! ... Aujourd'hui, nous sommes le seul pouvoir global dans le monde », conclut-il. Randy Kelly a l'art de résumer sa pensée. Ses connaissances sur le Moyen-Orient sont limitées à la respectabilité de l'Etat d'Israël. Parlant des communautés religieuses, qu'il fallait rassurer au lendemain du 11 septembre 2001, R. Kelly cite aisément la juive et la chrétienne, mais marque un temps d'arrêt, baragouine avant de lancer « les islamiques » au lieu de musulmans. A mesure que le temps passe, R. Kelly a de plus en plus de mal à garder une contenance. Son discours passe mal devant un parterre de journalistes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient participant à une tournée organisée par le département d'Etat américain. Barry Casselman, journaliste correspondant de politique nationale, aide le maire à orienter la discussion sur des thèmes domestiques. Randy Kelly est soulagé. Son combat de maire se fait plutôt sur le terrain des taxes, des transports, des « services humains » et autres exigences goudronnées de la vie américaine. Reste que son changement de camp pour le parti républicain renseigne sur le malaise qui règne dans la maison démocrate, le plus vieux parti du pays. Ce malaise, Gordon Fisher, ancien président du parti démocrate de l'Iowa, en parle avec aigreur. « Je pense que le parti doit marquer un temps d'arrêt pour examiner tout ce qui ne va pas », lance-t-il sans grandes illusions. L'Iowa est un vieil Etat isolé en plein centre du pays, à travers des kilomètres de champs, d'étables et de fermes. Mais son impact sur le processus électoral américain est phénoménal. « L'Iowa n'est pas le premier parce qu'il est important, il est important parce qu'il est le premier », explique Kathie Obradovich, journaliste politique du Des Moines Register, journal de la capitale politique de l'Etat (la ville tient son nom du français des moines). La nuit du 19 janvier, précédent chaque élection présidentielle aux Etats-Unis, l'Iowa concentre l'attention de la nation. Le caucus-night détermine les candidats à l'élection présidentielle pour les deux partis politiques. Dans les écoles, une certaine catégorie de personnes se rassemble pour un jeu singulier de tractations. Agglutinés en essaims, ils renflouent par leur nombre le rang de leur candidat. Le décompte des voix se fait par tête. Les groupes les moins avantagés sont dragués par les plus gros. Un candidat ne peut être retenu s'il a moins de quinze pour cent des voix. Sur le 1% que représentent les habitants de l'Iowa, par rapport à la population totale des Etats-Unis, une infime partie participera à cette nuit de vote dont les résultats seront attendus et répercutés comme une traînée de poudre. L'un des deux sortants du suffrage sera le président des Etats-Unis, car le caucus influencera tous les votes qui lui succéderont dans les quarante- neuf Etats de l'alliance. « L'Iowa n'est pas vraiment représentatif », glisse Basil Talbott, professeur de journalisme à l'université de l'Iowa. A forte concentration rurale et le pays passe pour conservateur. L'enjeu est tel dans cette région que les candidats y viennent des mois à l'avance pour y préparer le terrain. Sauf G. W. Bush en 2000. « Il est venu très en retard comparé à ses concurrents », rapporte Eric Woolson, son coordinateur média à l'époque. Après les mains serrées aux paysans et autres compliments sur la beauté de la ferme, « les candidats tiennent des réunions à huis clos, avec cinq ou six personnes et ils essayent de les convaincre de faire campagne pour eux », ajoute-t-il. Quelles sont ces personnes ? Eric Woolson tait les noms mais veut bien vendre la mèche pour le côté des démocrates. Discret, Gentry Collins, président du parti républicain en Iowa, acquiesce. Son travail sur le terrain se résume à la gestion de la logistique visant à amener les Américains à voter pour le candidat de son parti. Toutes les voies mènent à l'électeur, courriers, e-mails et bien sûr téléphone. « En 2000, nous étions à peine une vingtaine de bénévoles à faire campagne afin de récolter des voix pour Bush. En 2004, nous avons été deux cents », explique-t-il. Une progression de 1000%. Règne conservateur Le désenchantement de Gordon Fisher peut avoir une explication dans cette hypertrophie de moyens dont s'est armé le parti républicain pour réélire son candidat. L'ancien président du parti démocrate en Iowa prédit après cela un long cycle de règne conservateur sous le ciel des Etats-Unis. « Il faudra au parti démocrate une douzaine d'années pour se reconstruire et revenir réellement dans la course politique », estime-t-il. Le parti de Gordon Fisher ne parvient pas à trouver la parole juste. En face, « Bush est un communicateur très puissant », précise Basil Talbott. « Il est resté à la présidence parce que les Américains lui ont donné le bénéfice du doute. Il n'y avait pas d'alternative de toute manière », analyse-t-il. L'alternative en 2004 s'appelait John Kerry. Ce sénateur de 62 ans élu du Massachusetts s'est heurté à la plus redoutable équipe de marketing politique jamais mise en branle. La meilleure de l'histoire des Etats-Unis, apprécie-t-on à Washington. Et elle lui a été fatale (voir encadré). Hillary Clinton, sénatrice de l'Etat de New York, en campagne pour un deuxième mandat en 2006, attire autour d'elle les espoirs d'une percée du parti démocrate à la présidentielle de 2008. « Nous allons peut-être rencontrer la future présidente des Etats-Unis », s'enthousiasme Barry Casselman dans le hall de l'hôtel Hilton de Minneapolis (Minnesota). L'ex-première dame des Etats-Unis allait prendre la parole lors d'un dîner de collecte de fonds pour sa campagne aux sénatoriales de 2006. Barry Casselman, journaliste de politique nationale américaine depuis 1962, tempère son enthousiasme en descendant les escaliers mécaniques à la fin de la réception. Il ne pense pas s'être trouvé devant la future présidente des Etats-Unis. « Le discours n'est pas assez fort. Elle ne donne pas d'alternative », lance-t-il du coin des lèvres. Sa charge contre les républicains, Hillary Clinton la commence sur le terrain des soldats morts à la guerre en Irak. Elle accuse les conservateurs d'avoir « utilisé le patriotisme des Américains pour s'emparer du pouvoir ». « Le pouvoir est concentré et on voit la manière dont il est utilisé. Le Congrès bloque la démocratie sur laquelle notre pays a été fondé... Nous allons vers l'extrémisme » », menace-t-elle. La sénatrice travaille à introduire un projet d'une nouvelle loi électorale, faisant que chaque voix compte, et sortir ainsi du système du grand collège électoral qui a cours aux Etats-Unis depuis deux siècles. Peut-être y voit-elle une sortie de crise. Sauf que ce projet sonne dans le Congrès américain comme dans un puits sans fond. 23 000 e-mails par jour ! Washington, capitale politique des Etats-Unis. Les week-ends sont le repaire de centaines d'individus fantômes, des rebuts économiques, trimbalant sacs en plastique et s'agglutinant autour de camions de charité dans les parcs publics. Washington DC est l'aboutissement de la démocratie américaine. District ne faisant parti d'aucun Etat, il héberge les centres de décision du gouvernement. La Maison-Blanche, le Pentagone, cible d'un des avions projectiles du 11 septembre 2001, et Capitol Hill, où siègent sénat et chambre basse du parlement. La visite guidée du Capitole commence devant le bâtiment des vétérans de la guerre du Vietnam, un lobby encore en activité. Steve Livengood, guide en chef du United States Capitol Historical Society, plonge dans le ventre du « plus fameux monument du monde » avec un plaisir apparent. « Vingt mille personnes travaillent directement pour cette machine législative où un élu peut recevoir jusqu'à vingt trois mille e-mails par jour », tonne-t-il devant les bureaux des parlementaires. Plus avant, il fait découvrir les fresques murales exécutées par Constantino Brumidi. Un peintre italien qui a fui une fetwa du pape Pius IX au milieu du XIXe siècle. A peine sorti du Vatican, à Rome, où il travaillait, les ingénieurs du Capitole le mettent face à l'auguste travail qui l'attend. Créer de la religiosité avec les figures fondatrices du nouveau monde. Son travail dura vingt-cinq ans jusqu'à sa mort, rémunéré 8 dollars par jour, le même salaire qu'un congressman, précise-t-on. Bâtiment à plusieurs niveaux, le Capitole abrite aussi ces fameuses salles d'audience, où des commissions parfois d'exception conduisent des auditions historiques. Vision d'archives filmées. Le maccarthysme au début des années cinquante et son lot de stars hollywoodiennes défilant sous les projecteurs de la chasse à la sorcière communiste. « Mais cette salle précisément est fermée », nous
informe-t-on. Elle ne fait pas partie de la visite. « Depuis plus de deux siècles, l'histoire de notre nation a été faite sous ce dôme », est-il écrit sur la brochure présentant le monument aux visiteurs. L'histoire des Etats-Unis a aussi été faite de guerres. Elles ont été les événements qui ont le plus servi à la nation pour se définir et se construire une image. La guerre froide a été déterminante et marque encore de son empreinte l'imaginaire américain. Si les Etats-Unis ont mené une lutte féroce contre ce rival venu du froid, ils ont aussi réussi à emporter une guerre d'images et à imprimer dans l'histoire dessinée le caractère du bon et vaillant américain contre le dangereux, infâme et menaçant rouge. Cela avant le 11 septembre 2001. Sur la même brochure de présentation du Capitole, il est écrit : « Pensez y... Il y a des personnes qui donneraient leur vie dans des attaques terroristes pour détruire notre Capitole. Combien devrons-nous être résolus de plus pour le protéger ? » Le monument reçoit des milliers de visiteurs par jour ouvrable, des écoliers en grande partie. Le fait que les plus fervents partisans des options stratégiques américaines en matière de politique étrangère soient originaires de l'Europe de l'Est n'est pas étonnant. Fuyant l'extension du bloc soviétique dans leur pays d'origine, ils ont trouvé aux Etat-Unis refuge, sécurité et ouverture de perspectives pour les meilleurs d'entre eux. « Si mes parents étaient restés en Lituanie, je n'aurais pas été là pour vous parler maintenant. Mon père était gradé de l'armée avant l'occupation. Il aurait été exécuté ainsi que tout le reste de ma famille », raconte un responsable au département d'Etat. Le patriotisme des Américains n'est pas une caractéristique difficile à démontrer. Devant les habitations, accrochés aux vitrines des commerces et dans les endroits les plus inattendus, l'emblème étoilé devient une seconde peau, si ce n'est une cravate ou un dessous choc. Rares les Américains qui savent où se trouve l'Algérie sur la carte. Il faut dire Afrique du Nord où, plus efficacement, Maroc, pour qu'une lueur de compréhension se dessine sur le visage de l'interlocuteur. Mémoriser les noms des cinquante Etats du pays est déjà peut-être un lourd exercice pour le quidam. Dans ce pays où, pour voyager, il suffit d'aller dans un restaurant, la conscience du monde extérieur est archaïque. Pris entre deux océans, l'Américain vit en vase quasi clos.


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