C'est aujourd'hui que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, présentera devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) le bilan de politique générale de son gouvernement. Le débat autour de ce bilan s'annonce, d'ores et déjà, houleux, d'autant plus que les chiffres communiqués par le gouvernement dans son document adressé aux députés suscitent moult interrogations et des doutes quant à leur fiabilité et conformité avec la réalité du terrain. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, hier, Mme Bounour Sabah, vice-présidente du groupe parlementaire du FLN et membre de la commission des finances de l'APN, lors d'une conférence de presse organisée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) sur la réalité du foncier et les projets d'investissement en Algérie. Rien qu'autour de ces deux dernières questions, le rapport de l'Exécutif, a indiqué Mme Bounour, est « surréaliste ». En fait, concernant l'investissement, le document souligne « la progression des flux d'investissement » avec un montant de 15 milliards de dollars en 2004, dont 154,590 milliards de dinars d'investissements étrangers hors hydrocarbures, et la création 50 740 entreprises. Il a évoqué aussi la création de 718 000 postes d'emploi, dont 234 000 emplois temporaires. « A la lecture du document, on aura l'impression que tout va bien, mais le terrain nous livre une autre réalité. Le constat est amer », lance l'oratrice. Se référant à un travail personnel qu'elle a effectué au niveau de la wilaya de Tipaza, Mme Bounour a dressé un tableau des plus sombres de la réalité. Cette wilaya côtière à potentialités d'investissement énormes souffre, a-t-elle affirmé, d'un cumul de lacunes qui font fuir les hommes d'affaires nationaux et étrangers. « J'ai constaté, dans cette wilaya, un dysfonctionnement flagrant contredisant le discours officiel, car le constat peut être généralisé à tout le territoire national : problème de foncier, manque d'information, non-application des lois et inexistence de structures d'accueil et d'orientation des investisseurs étrangers », a-t-elle martelé. Revenant sur la question du foncier, un problème soulevé à maintes reprises par les promoteurs algériens et étrangers, la conférencière soulève un dysfonctionnement de taille, à savoir le manque de transparence, et la corruption. Ce sujet, a-t-elle ajouté, a fait objet de plusieurs requêtes des parlementaires à chaque loi de finances, mais leurs doléances demeurent lettre morte. C'est le problème majeur, dira-t-elle, qui bloque l'investissement dans le pays. Selon elle, dans la capitale, des centaines, sinon des milliers de dossiers d'investissement moisissent dans les tiroirs de l'administration. Les mêmes observations ont été également soulevées par les représentants de l'UGCAA. Pour eux, parallèlement à la création d'entreprises dont parle la chefferie du gouvernement, il y a aussi la fermeture de 200 entreprises et 1000 Souks et Galeries. Pour remédier à cette situation, l'UGCAA propose l'accélération des réformes administratives et la réforme des lois régissant les collectivités locales. Pour rappel, le gouvernement avait incité, par le passé, les investisseurs à investir à l'intérieur du pays, où le problème du foncier n'est pas posé, selon lui. Cependant, l'UGCAA soulève le problème d'absence des commodités nécessaires à l'investissement, notamment les infrastructures de transport et la communication. Outre ces problèmes, l'Algérie ne profite pas, selon Mme Bounour, des occasions qui se présentent à elle sur le plan international. A titre d'exemple, le pays n'a pas tiré profit du processus de Barcelone de 1995 dont il fait partie. « En comparaison avec nos voisins, l'Algérie n'a pas bénéficié du programme MEDA 1 », a-t-elle précisé.