L'hommage rendu par l'Institut régional de formation musicale (IRFM) au pianiste émérite, El Hachemi Mougari, décédé en février dernier, a été l'occasion de présenter au public l'orchestre symphonique formé par les enseignants, anciens diplômés et élèves de cet établissement créé en 1992, et dont la direction devait lui être confiée. Cet ensemble, réactivé récemment, est dirigé par l'actuel directeur de cette école de musique, Abdelkrim Nebbal. La famille du défunt a été représentée par Faïza Haddadi, une parente, qui a reçu des mains de celui-ci un cadeau en hommage au grand professeur dont le portrait a été installé vendredi soir, durant le spectacle, sur la scène du théâtre Abdelkader Alloula. Le 6 mai, si la maladie dont il souffrait ne l'avait pas emporté, M. Mougari aurait fêté ses 50 ans. Il était sur le point de diriger un orchestre symphonique d'envergure méditerranéenne, et c'est pour cela que M. Sebaâ, directeur de la culture, présent à la cérémonie, a dit de lui qu'« il est mort dans l'exercice de ses fonctions artistiques ». Natif d'El Mansourah, un village de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, c'est à l'âge de 6 ans qu'il s'est installé avec son frère (violoniste, décédé récemment lui aussi, quelques mois auparavant) à Alger où il devait tout de suite être remarqué par son professeur Mme Arcady. Mme Souraya Cherfaoui, diplômée de l'école, membre de l'orchestre, à qui on a confié la lourde tâche d'animer cette soirée particulière, a retracé son parcours depuis la découverte de son « oreille musicale absolue ». Il passera en 1970 de l'annexe de Boudouaou et de l'ancien Institut national de musique (INM) fermé en 1973 à l'Institut national d'arts dramatiques (INADC) où il aura comme professeurs de piano un Ukrainien et un Français. Elève brillant, il figurera parmi la première promotion envoyée à l'étranger, plus exactement en Turquie d'où il reviendra avec un magistère obtenu avec mention très bien. Il enseignera très tôt le piano au conservatoire d'Oran qu'il ne quittera que pour effectuer son service national. En 1979, il reviendra à Oran pour prendre la direction de l'annexe de Sidi El Houari. En 1992, appelé à diriger l'institut régional, il déclinera cette offre pour se consacrer à l'enseignement. A son honneur, l'orchestre interprétera d'abord une pièce particulièrement grave du compositeur danois Greeg avant de s'attaquer à la première symphonie de Beethoven, une prouesse pour un orchestre de constitution récente, grâce à une subvention de la wilaya. Après une remise de diplômes, dont ont bénéficié les élèves sortants de la saison 2003/2004, l'ensemble, qui deviendra l'orchestre symphonique de la ville d'Oran, est revenu pour interpréter de la variété avec un morceau oriental, et trois pièces arrangées et inspirées du répertoire traditionnel algérien. L'air de la chanson de Faïrouz, Alayna el hawa, a été assuré par le saxophoniste Fethi, tandis que le clarinettiste Terkmane a improvisé sur une des mélodies du pays, chaouie. L'orchestre qui a interprété juste auparavant une des touchya de musique andalouse a clôturé le spectacle avec une variante de Kabylie, intitulée Djurdjura. La soirée a cependant enregistré une fausse note. Les organisateurs ont insisté pour faire participer un guitariste, Malik Hanouche, à cet hommage. A la dernière minute, juste avant le début du spectacle, vers 18 h, sans avoir été prévenu au préalable, son passage a dû être annulé.