Le Maroc a rapidement réagi aux déclarations du Président Abdelaziz Bouteflika dans le message qu'il a adressé samedi au Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, à l'occasion du 32e anniversaire du Front Polisario. Ce qui n'a pas l'air de plaire au voisin, également occupant du territoire du Sahara-Occidental, comme l'établissent les résolutions internationales. « Le royaume du Maroc déplore vivement les déclarations et positions officielles que l'Algérie a cru devoir exprimer ces derniers jours sur la question du Sahara marocain », a déclaré le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué. La réaction est plutôt rare, car confiée généralement aux médias de ce pays. Mais elle rappelle en certains points celle de décembre 1995 à travers laquelle le royaume marocain, qui venait d'être débouté par le Conseil de sécurité, s'en prenait à l'Algérie et demandait le gel des activités de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui doit tenir mercredi son premier sommet depuis celui de 1994, conséquence justement de ce blocage marocain. Le Président Bouteflika, qui a rappelé la position de l'Algérie à l'égard du conflit du Sahara-Occidental, a souligné que notre pays est « déterminé à œuvrer pour une union forte... sans se défaire de ses principes », notamment l'appui au Front Polisario, et que « nous irons en Libye fidèles à nos promesses ». On se rappelle justement que les Marocains avaient fait du règlement de cette question, selon la vision qui est la leur, la condition pour la relance du processus maghrébin, tandis que l'Algérie rejetait cette condition qu'elle qualifiait de « fait accompli colonial ». Les deux pays avaient pourtant relancé leurs contacts de manière spectaculaire, au mois de mars dernier, à l'occasion de la participation du souverain marocain au sommet arabe tenu à Alger, avec la promesse de faire mieux. Et dans le langage des milieux avertis, une accélération des travaux des différentes commissions mixtes mises sur pied en vue d'aplanir tous les différends. Les premières conclusions étaient prévues pour l'été dernier. Le ministère marocain exprime sa déception, en estimant que les deux pays « avaient décidé, en mars à l'occasion de l'importante et historique visite de Sa Majesté le roi Mohammed VI à Alger, de s'engager résolument et sincèrement dans la voie de l'apaisement et de la normalisation, en laissant notre question nationale trouver une solution définitive dans le cadre des Nations unies ». Voilà donc un double discours, avec une référence à l'ONU qui traite la question sous l'angle de la décolonisation, alors que Rabat la considère comme « une question nationale ». C'est une autre manière, mais pas différente des précédentes, pour les Marocains, de dire leur refus des résolutions internationales, et reprochent à l'Algérie ses positions confortées au demeurant par la légalité internationale. Les Marocains y voient « un parti pris systématique contre les intérêts supérieurs du royaume » et même « une lecture obstinément tronquée de la légalité internationale » caractérisée, quant à elle, par un vote unanime du Conseil de sécurité. Le Maroc s'étonne de telles positions, « à quelques jours de la tenue à Tripoli d'un sommet maghrébin tant attendu après une interruption de onze années (de l'UMA), en raison justement du différend algéro-marocain sur la question », indique encore le ministère, alors qu'il avait lui-même mené campagne pour ce qu'il avait qualifié de « séquestrés de Tindouf », avant que l'ONU ne lui rappelle qu'il s'agit en fait de ressortissants sahraouis qui avaient fui la guerre et trouvé refuge en Algérie, qualifiée dans le texte de « pays d'accueil », une autre manière toute diplomatique de récuser les thèses marocaines. Ce sont les Marocains qui avaient bloqué le fonctionnement de l'UMA et ils continuent à le faire en persistant dans leur position.