Avant-hier, se sont éteintes les lumières sur Maghnia, une ville métamorphosée, l'espace d'une semaine, en capitale mondiale. Un événement médiatisé, tant les invités de marque étaient venus d'Afrique, d'Europe, d'Amérique latine et de tout le territoire national. La ville frontalière, longtemps marginalisée, grâce à un homme ressorti de l'anonymat a pu faire un pied de nez à ceux qui, naguère, la mettaient dans l'œil du cyclone et, aujourd'hui, - c'est aussi cela l'histoire de notre pays - l'installent sur la devanture. Simplement. Mais avec ostentation et, surtout, de l'excès. Le jubilé, cette semaine culturelle, scientifique, sportive et d'histoire, a été pour beaucoup un tremplin, sans trop de contraintes, pour s'impliquer davantage dans cette démarche qui est celle de la réconciliation nationale. Cette manifestation était-elle un prétexte ou un moyen pour l'ancien Président et beaucoup de ministres de notre république, « cautionnés » par des personnalités étrangères dont Houda, la fille de Gamal Abdel Nasser, pour déclarer que « la réconciliation est la condition sine qua non pour assurer la paix et la stabilité de l'Algérie ». Tous les présents se sont accordés sur la même note. Le leader d'El Islah, Abdallah Djaballah, dans une conférence de presse improvisée, a réaffirmé : « Nous sommes les précurseurs de ce projet. Rappelez-vous le contrat de Sant' Egidio. Le Pouvoir avait organisé des marches pour nous jeter l'opprobre, nous accusant d'être des traîtres. Aujourd'hui, on reprend notre idée pour crier tout haut qu'il faut tourner la page. Mais qu'importe, nous n'avons pas d'autre solution que la réconciliation nationale et l'amnistie générale. » A Maghnia, ils étaient tous là. Ou presque. Tayeb Louh, Djamal Ould Abbas, Saïd Barkat, Abdelaziz Belkhadem et d'autres... Il y avait des équipes prestigieuses du Maroc, de Tunisie, l'équipe du FLN, celle de 1982, des stars de la chanson, telles que Chaou, Bennani, Blaoui, Ghaffour, cheb Djelloul, des historiens de tous les pays du monde, comme Hocine Chafii, vice-président sous le règne de Nasser, celui qui a vu le bateau Dina accoster la ville marocaine de Zaïo. Lui aussi ne pouvait s'empêcher de souhaiter la réouverture des frontières terrestres. Pourquoi pas puisque l'heure était à la fraternité, à l'amitié... L'équipe du WA Casablanca avait brandi le drapeau national en scandant : « Vive le Maghreb arabe ! » La clôture était grandiose. Une cinquantaine de troupes folkloriques y avaient pris part. Cela ressemblait à un sommet mondial. A une fin de Coupe du monde. Ce n'est pas trop exagéré. Il y avait ceux qui prenaient des photos et chuchotaient dans l'oreille des sommités. C'est vrai qu'ils étaient tirés à quatre épingles. Les cheveux tirés en l'air. Il n'y avait pas de vent. C'est qu'ils avaient beaucoup couru. Un marathon d'affaires. Le badge - certains badges ouvraient les portes du paradis. Un éden éphémère. Les lampions se sont éteints sur Maghnia, vers 3h. Les oriflammes et autres emblèmes n'ont plus les mêmes couleurs. Ben Bella avait dansé. Son épouse Zohra aussi. Qu'importe la démarche, le pas y était.