M. Bouricha, ex-wali de Blida, a été entendu hier par le procureur général près la cour de Blida. Durant plus de deux heures, les « affaires » du promoteur batnéen Hadji et du représentant de Peugeot Meklati, les factures de « solidarité » de Boukrid, les concessions de Meftah et Bouinan et d'autres irrégularités dans la gestion administrative d'une wilaya ont été passées en revue. M. Bouricha était assisté de deux avocats, maître Mustapha Ksentini (également président de la commission officielle des droits de l'homme) et maître Boutarek. Cette audition semble vouloir dire que le procès est proche, apportant ainsi un démenti à ceux qui étaient prêts à jurer qu'il n'y aurait pas de jugement. Un peu plus de deux mois se sont écoulés depuis la démission « forcée » de Mohamed Bouricha de son poste de wali le 10 mai dernier. C'est peut-être le temps qu'il fallait pour que les brigades venues enquêter à Blida réunissent suffisamment d'informations. Comme le voulait l'air du temps, tout responsable étatique exerçant à Blida était soupçonné de quelque chose. Dilapidation de deniers publics, usage de deniers publics à des fins personnelles, atteinte au foncier agricole, abus de pouvoir et corruption seront parmi les chefs d'inculpation pour lesquels sont poursuivis plusieurs responsables de la wilaya de Blida. Le wali serait impliqué dans de grosses affaires de corruption et de trafic d'influence. Il s'agit surtout des relations qu'il aurait entretenues avec Hadji, incarcéré actuellement. Une vaste enquête sur le foncier a été ouverte à Alger. Bouricha aurait fait bénéficier illégalement cet homme d'affaires d'un terrain de 14 hectares se trouvant à Khezrouna. Le remboursement du terrain cédé devait se faire sur vingt cinq ans. Le wali s'est vu octroyer, pour services rendus, deux villas se trouvant à Alger. Hadji est accusé de corruption, complicité et dilapidation de deniers publics. Quant à Boukrid, il est derrière le scandale du CHU Frantz Fanon avec une histoire de surfacturations de marchandises vendues à cinq communes de la wilaya de Blida. Le préjudice subi par l'Etat dépasserait les 140 milliards de centimes. L'enquête de la justice révélera les détails de cette série de scandales impliquant des commis de l'Etat. A Batna, où il était en visite fin mai dernier, Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, avait déclaré que « l'époque de l'impunité est révolue ». Cela au moment où plusieurs responsables étaient sous le coup de la justice : le directeur de l'agence BDL d'El Mouradia (Alger), pour une affaire de dilapidation de 150 millions de dinars ; l'ancien et l'actuel chefs de service des cartes grises à El Harrach. A Sidi Bel Abbès, quatre employés de Sonelgaz ainsi que deux entrepreneurs sont placés sous mandat de dépôt. A Skikda, une enquête a été déclenchée sur une affaire de dilapidation du patrimoine foncier. Il faut dire que la condamnation, en mai dernier, de Bachir Frik, ex-wali d'Oran, et de certains fonctionnaires dans cette wilaya avait ouvert le dossier de ce qui est considéré comme une véritable opération « mains propres ».