Le village de Toukacht, distant de 25 km de la commune d'Aït Yahia dans la daïra de Aïn El Hammam, est dépourvu d'un minimum de conditions de vie pouvant maintenir ses habitants sur les lieux. Situé au milieu d'une vaste plaine, ce hameau ne dispose que d'une piste agricole de plus de 3 km, dégradée à plusieurs endroits. Ouverte au début des années 1980, cette étroite route attend toujours son revêtement. Son entretien est assuré par les villageois, nous dit-on. « A l'occasion de chaque élection locale, les candidats nous promettent de la goudronner mais, une fois élu, aucun ne tient ses engagements », regrette Kamel, un jeune chômeur. Cette situation d'enclavement a contraint la plupart d'entre eux à aller s'installer à Azazga, à Tizi Ouzou et à Alger où l'accès aux commodités de base est plus facile. La vingtaine de familles restantes et qui tentent de vivre du travail de leur terre et de l'élevage crient à l'abandon. Elles mettent à l'index les autorités locales auprès desquelles elles réclament plus d'attention à leur situation. Les logements de fortunes qu'elles occupent démontrent l'ampleur du dénuement dans lequel elles baignent. Rencontrés lors de la dernière visite du ministre délégué de l'Agriculture, chargé du développement rural, des citoyens déclarent que leurs foyers ne sont pas raccordés au réseau d'alimentation en eau potable. La seule conduite qui a été acheminée au village est à sec depuis plusieurs années, affirme-t-on encore. La réalisation des puits n'a pas réglé le problème car l'eau qu'ils contiennent est trop salée, nous indique-t-on. Pour satisfaire leurs besoins, les villageois de Toukacht doivent se déplacer sur plus de 7 km pour remplir leurs jerrycans près d'une source naturelle dont la qualité de l'eau est, nous dit-on, douteuse. Aussi, la seule école qui a été ouverte au village est fermée depuis l'hiver dernier. Construite en préfabriqué, elle n'a pas tenu sous le poids de la neige. Les 45 élèves du village sont ainsi déplacés dans un établissement voisin, distant de plus de 5 km. « Nos enfants vont à leur nouvelle école à pied faute de disponibilité du transport scolaire. Ils doivent se réveiller très tôt pour arriver à l'heure », affirme un parent d'élève. Cela décourage les enfants de Toukacht qui interrompent tôt leurs études pour aller chercher un emploi souvent précaire et mal payé. Cela explique le taux de chômage dans ce village, dépassant les 70% de la population active. Avec l'inscription de ce hameau au programme de proximité du développement rural (PPDR), les habitants de ce village perdu espèrent sortir de leur isolement et de la misère qui les ronge.