C'est un ambassadeur étranger qui a défrayé la chronique économique cette semaine. L'Algérie deviendra en 2028 une puissance économique avec un PNB par habitant de 32 000 dollars et Alger l'une des villes les plus high tech du monde et une destination- top du tourisme avec ses grattes ciel, ses rivières artificielles et l'organisation des jeux olympiques. Un tel propos énoncé documents iconographiques à l'appui a laissé pantois son public mardi dernier au forum d'El Moudjahid . Les projets algériens de développement à l'horizon 2020 ? Trop lointains. « Il est possible de réaliser tout cela d'ici 2010 ». En effet , pourquoi attendre 2020 dans ce cas. Au menu un boom des infrastructures touristiques , de l'activité de la pêche, de l'agriculture saharienne, le tout soutenu par un TGV est-ouest et un autre entre Alger et Tamanrasset. Sourire narquois dans l'assistance. Pourtant à regarder de plus près l'identité de ce « fabulateur », ce conte de fée s'est déjà produit dans un pays qui avait au début des années 60, le même niveau de développement économique que celui de l'Algérie post-coloniale et qui ressemble en 2005 ...à l'Algérie de 2028. Il s'agit de la Corée du sud dont M Park Dae Won est justement l'ambassadeur à Alger. Cela donne soudainement envie de l'écouter plus sérieusement. M Park Dae Won observe d'abord le potentiel du pays ou il vit depuis quelques années. En nombre de points de vue, il lui rappelle celui de son pays, traumatisme colonial et fort esprit d'indépendance, expérience industrielle volontariste, démocratisation de l'accès à la scolarité et effort de formation, 1200 km de littoral dans les deux cas... La comparaison s'arrête bien sûr au bout d'un instant. Il faut ensuite en arriver aux choses concrètes. Les perspectives fulgurantes décrites ainsi sont en grande partie des projets juste à la pointure des firmes ... sud coréennes. M Park Dae Won a su lié son coup de foudre pour la baie d'Alger avec les exigences liées à sa mission. Donnez nous ces projets que je vous propose et tout cela se concrétisera dans les délais. Faut il finalement retenir de cette prospective fracassante dans la bouche d'un diplomate une simple promotion intelligente du savoir faire de son pays à des fins commerciales ? Ce serait « malthusien » de s'en tenir à cela. Car si M Park Dae Won a tellement étonné c'est bien parce qu'il a porté sur l'Algérie de demain, un regard qu'aucun responsable politique d'aujourd'hui n'a jamais porté en public. De peur d'être ridicule ? Plus gravement encore, sans doute, par défaut d'ambitions. L'ère du volontarisme « développementiste » a été ensevelie sous des tonnes d'ajustement au marché. L'autoroute est-ouest, le métro et le nouvel aérogare d'Alger sont l'horizon indépassable de la prospective officielle. Ce sont pourtant justes des projets du début des années 80. Faire du grand bug de près de 20 ans l'occasion d'un saut par dessus les étapes technologiques, voilà une vision du mouvement qui ressemble à la Corée du sud. Le chemin de fer nécessite des doublements de voies , pourquoi ne pas passer directement au TGV ? La panne du tourisme a laissé des centaines de kilomètres de littoral vierge ? C'est l'occasion de proposer un produit « nature » disparue du littoral Espagnol bétonné. L'hyper centre d'Alger n'a pas évolué vers l'est de sa baie comme prévu par le comédor ? Il le fera dans un nouveau schéma urbanistique révolutionnaire puisque rien - ou presque - n'a encore réalisé. Le désert reste désespéramment aride à la surface ? Il regorge d'eau souterraine par régions entière, c'est une aubaine que le train peut mettre près du nord encore mieux que la route. Il n'y a pire rareté que celle des grands desseins.