On ne compte plus les déplacements au siège de l'ONU, du président de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), et secrétaire général de Front Polisario, une des deux parties au conflit du Sahara- Occidental, l'autre étant le Maroc. Il le autant de fois qu'il le juge nécessaire, mais chaque séjour onusien de Mohamed Abdelaziz est en lui-même révélateur d'une relance, de négociations, voire de simples tractations autour justement du plan de paix. Il est vrai qu'une nouvelle résolution est attendue à la fin de ce mois, mais les Sahraouis ont déjà fait savoir qu'ils veulent plus qu'une simple prorogation du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-Occidental), cette force que l'on dit absente, ou tout simplement atteinte de cécité en ce qui concerne la situation actuelle dans les territoires sahraouis occupés. C'est dans ce contexte, fait de résistance à l'occupant marocain, et de témoignages crédibles, puisqu'établis par des ONG (organisations non gouvernementales) jusque-là écoutées par l'ONU, qu'intervient la rencontre, lundi, à New York, entre Mohamed Abdelaziz et le secrétaire général des Nations unies, à qui il a fait part de ses vives préoccupations quant à la situation au Sahara-Occidental, à la suite des violations flagrantes commises par les forces d'occupation marocaine, et de la non implication de la Minurso à ce qui touche à la protection des populations sahraouies. M'hamed Khedad, membre de la direction du Front Polisario et responsable en charge des relations avec la Minurso, a expliqué que cette rencontre a surtout donné l'occasion au premier responsable sahraoui de faire part « des préoccupations vis-a-vis de ce qui se passe dans les territoires sahraouis, surtout les violations des droits de l'homme, les tortures et les emprisonnements dont sont victimes les populations civiles qui osent demander le respect des résolutions internationales ». « Les forces d'occupation se livrent à toutes sortes de violations des droits de l'homme alors que la Minurso (mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-Occidental) se trouve sur place et ne fait rien pour défendre et protéger les populations », a indiqué le Président Abdelaziz au secrétaire général de l'ONU, se plaignant de ce que « la Minurso ne joue aucun rôle pour ce qui est de la protection des populations sahraouies ». Le Président Abdelaziz, a encore précisé M. Khedad, s'est aussi inquiété auprès du premier responsable de l'organisation internationale du « silence et de la non réponse de la part de la commission onusienne des droits de l'homme à une demande formulée en octobre 2005 par les autorités sahraouies demandant l'envoi d'une délégation au Sahara-Occidental », formulant ses « vifs regrets » qu'une telle visite ait été empêchée à trois reprises par le Maroc. Selon la même source, le Président Abdelaziz a exprimé également ses vives préoccupations sur le black-out qui est imposé sur le territoire sahraoui à la venue de délégations étrangères, « parce que les forces d'occupation marocaine s'opposent à toute venue de missions de diplomates de pays nordiques, parlementaires espagnols ou d'ONG, notamment ». La liste est longue, et les témoignages en ce sens, fort nombreux. Alors qu'approchait l'heure du rendez-vous, un communiqué d'Amnesty International renforçait ce sentiment en faisant état de ses vives inquiétudes quant à l'équité du procès d'Ibrahim Dahane, un des plus grand activistes sahraouis au Sahara-Occidental occupé qui devait comparaître hier, avec 16 autres détenus sahraouis, devant le tribunal de Laâyoune occupée. Quant à la solution, les Sahraouis excédés par cette longue attente, et ce statu-quo interminable, sont catégoriques : « Il est du devoir des Nations unies d'avancer dans l'application des résolutions consacrant les droits inaliénables du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, notamment le plan de règlement de 1991 et le plan de paix pour l'autodétermination du peuple sahraoui ou plan Baker, parce que aucune solution ne peut être envisagée hors du cadre des Nations unies et du respect de l'autodétermination du peuple sahraoui », a plaidé M. Abdelaziz, rappelant qu'il s'agit d'un problème de décolonisation et que par conséquent la seule voie qui doit prévaloir est celle de l'autodétermination. Ils ont aussi réitéré leur opposition à toute approche qui tendrait à ignorer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, comme l'idée marocaine d'autonomie, mais qui n'est rien d'autre que la perpétuation de l'occupation. « Toute autre approche ne peut aboutir à la paix et à la stabilité dans la région et ne peut compter sur l'adhésion du peuple sahraoui », a souligné le Président sahraoui. En ce qui concerne l'agenda de ces prochains jours, M. Abdelaziz a évoqué la réunion, prévue fin avril, du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara-Occidental, qui sera présidée par la Chine. Durant son séjour new yorkais, M. Abdelaziz doit rencontrer les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité (sous la présidence argentine) et un groupe d'ambassadeurs de pays africains dont l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Angola et le Mozambique. Il était attendu, hier soir, à Washington, pour des entretiens avec des parlementaires et politiques américains. Ceux-ci doivent durer deux jours et nul doute que ses interlocuteurs américains lui réitéreront leur appui à la cause du peuple sahraoui.