Après le verdict prononcé, hier, le quotidien Ech-Chourouk compte introduire un pourvoi en cassation au niveau de la Cour suprême. Heureux dénouement pour le quotidien arabophone Ech-Chourouk qui revient de la bataille judiciaire qui l'a opposé, depuis août dernier, au guide de la Révolution libyenne, le colonel Maâmar El Gueddafi. Le verdict énoncé, hier, dans le cadre de cette affaire qui a tenu en haleine de larges pans de la société algérienne et dont les retentissements ont débordé au-delà des frontières du pays, a sonné comme un éclat triomphateur, au grand bonheur de la grande famille des médias. La cour d'Alger, tout en prononçant sa sentence, a annulé, en effet, la suspension du quotidien Ech-Chourouk et réduit à six mois de prison avec sursis les peines prononcées en première instance contre le directeur, M.Ali Fodil, et la journaliste Naïla Berrahal, tous deux accusés de diffamation à l'encontre du dirigeant libyen. La cour a, par ailleurs, allégé l'amende infligée au quotidien à 50.000 dinars contre 500.000 dinars en première instance. Le procureur près la cour d'appel d'Alger avait requis, le 21 mars dernier, la suspension pour un an d'Ech-Chourouk, en sus de 12 mois de prison ferme contre son directeur Ali Fodil et la journaliste Naïla Berrahal ainsi qu'une amende de 500.000 dinars chacun. Même si le verdict contenait des condamnations avec sursis, cela n'a pas empêché une ambiance de joie de s'installer dans la salle d'audience, eu égard à l'état d'esprit général de l'assistance qui paraissait apprécier «ce dénouement». Un dénouement qui ne veut nullement dire que cette affaire est désormais close étant donné que le directeur du quotidien Ech-Chourouk compte introduire un pourvoi en cassation au niveau de la Cour suprême. L'objectif d'une telle action est «la relaxe pure et simple», devait expliquer Ali Fodil, contacté par nos soins. Il assure, en ce sens, que son quotidien traduit, rappelle-t-on, en justice par le biais du représentant d'El Guedaffi à Alger n'a fait que remplir sa mission d'informer en se basant sur des faits bien réels. Ali Fodil qui ne cessait de répéter qu'il avait confiance en la justice algérienne et qui se dit soulagé après l'annonce du verdict d'hier, ne manquera pas de «remercier grandement tous ceux qui l'ont soutenu et se sont montrés solidaires avec Ech-Chourouk et la journaliste, auteure des deux articles incriminés et parus au mois d'août dernier». Et ils étaient nombreux parmi les partis politiques du pays tels que le RND, le FLN et le PT, les associations nationales et les ONG internationales, telles que RSF à se solidariser avec le quotidien Ech-Chourouk. Rappelons, enfin, que le président El Gueddafi avait porté plainte, en octobre, à la suite de deux articles publiés en août 2006 par Ech-Chourouk. Le quotidien avait cité, sous couvert de l'anonymat, des chefs de tribus targuies algériens, nigériens et maliens, et fait état, dans deux reportages du 3 et 12 août, d'un «plan préfabriqué par le colonel El Gueddafi pour diviser les Touareg (...) et déstabiliser l'Algérie». Le dirigeant libyen avait estimé que ces articles «portaient atteinte à sa personne, à l'Etat libyen et à la sécurité des Etats algérien et libyen» et que «les allégations d'Ech-Chourouk étaient mensongères et dénuées de tout fondement», selon son avocat, Me Mouna Amimour. L'avocat de la défense, Me Khaled Bergheul, avait dénoncé un «procès politique» et l'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait renouvelé, à cette occasion sa demande de «dépénalisation des délits de presse» en Algérie. La presse algérienne, toutes tendances confondues, avait exprimé sa solidarité avec Ech-Chourouk, estimant que les condamnations de première instance étaient lourdes et disproportionnées, «portant atteinte à la liberté d'expression».