Mis en cause dans l'apparition de nombreuses maladies mortelles et de grandes complications sur la santé, le tabac ne peut qu'être considéré comme l'ennemi n°1 de l'homme, avertissent, unanimes, les différents intervenants lors de la rencontre tenue hier par la direction de la santé, à l'occasion de la journée mondiale sans tabac. En effet, le tabac est le premier incriminé dans l'apparition du cancer du poumon, premier tueur de l'homme. Il faut savoir que le cancer du poumon marque une ascension importante ces dernières années avec une moyenne annuelle allant de 250 à 300 nouveaux cas, souligne le Pr. Ziane du service de pneumo-phtisiologie. « Les cas reçus en traitement ne viennent qu'après évolution tardive de leur cancer et, donc, avec des chances minimes, voire nulles de guérison. Il faut aussi noter que le coût de prise en charge est fort élevé : une seule cure par chimiothérapie par malade s'élève à 30 000 DA », ajoute le spécialiste. Le tabac est responsable aussi de la déclaration d'autres formes de cancer, comme les cancers du larynx, du colon et du testicule, ainsi que d'autres complications cardio-vasculaires et respiratoires. A l'échelle nationale, « les statistiques rapportent que pas moins de 15 000 personnes décèdent des conséquences du tabac, dont 8 000 par infarctus du myocarde, 4 000 des suites du cancer du poumon et le reste par insuffisance respiratoire », avance le même spécialiste. Par ailleurs, il ne faut pas oublier « les risques du tabac passif pour qui il a été démontré qu'il est porteur des mêmes dangers que le tabac actif », indique le Pr. Chafi, spécialiste et membre du comité de la santé maternelle et infantile. En effet, le spécialiste ne manquera pas d'étaler toute une liste mettant en exergue les risques et les menaces sur la santé de la mère et son enfant : « Infertilité et ménopause précoce chez la femme, risque majoré à 30% du cancer du col, grossesse arrêtée et extra-utérine plus fréquentes, accouchement prématuré et donc une mortalité périnatale plus élevée... L'enfant naissant de parents tabagiques peut faire l'objet de complications respiratoires et d'une atteinte par l'asthme, de troubles du comportement, etc. Le Nadher s'exprime Le directeur des affaires religieuses présent à cette rencontre, a apporté l'avis religieux sur la consommation du tabac qui est, après détermination de ses dangers et de ses méfaits sur la santé de l'homme et sur son entourage, interdite et considérée comme un péché par les textes religieux. Notons que l'objet de la journée, dont le thème principal a été « les professionnels de la santé et la lutte anti-tabac », était de mettre l'accent sur le rôle décisif et efficace des professionnels de la santé dans la lutte contre ce fléau. « Lancer le chantier hôpital sans tabac et la famille de la santé pourra, par cette initiative, donner l'exemple par un engagement ferme et déterminé dans la lutte contre ce danger mortel », dira Mme Meguenni, organisatrice et chargée de communication au niveau de la direction de la santé. « L'état doit intervenir dans la lutte contre le tabac comme il l'a fait pour la ceinture de sécurité, notamment par la mise en application des textes et lois promulgués dans le cadre de cette lutte. Il existe bien le décret 01-28 du 29-09-2001 qui définit les lieux et les espaces non-fumeur, mais son application laisse à désirer », ajoute notre interlocutrice. Dans ce sens, des recommandations seront soumises aux instances concernées : « Introduire dans la formation paramédicale un module sur la lutte contre le tabac, créer des consultations de sevrage au niveau des polycliniques et surtout mettre en évidence les signalisations interdisant le tabac au niveau de toutes les structures et établissements de santé », conclut Mme Meguenni. Signalons que plus de 50% du corps médical fument. Ceci dit, une lutte contre ce danger demande une volonté politique et une mobilisation générale de tous les acteurs concernés et visant toutes les couches.