Le pouvoir politique se résume au pouvoir de nomination. En Algérie, cette sentence revêt une importance particulière puisque la déficience principale se trouve dans sa gestion et donc du choix de ses gestionnaires. Le « qui nomme qui ? » sur la terre prospère du clientélisme et de « l'homme qu'il ne faut surtout pas à la place qu'il ne faut pas » reste un problème de taille pour tout responsable qui voudrait résoudre l'équation du développement à partir d'un listing brut de commis de l'Etat. Le Président en l'occurrence, puisque c'est le personnage constitutionnel à avoir en théorie le plus grand pouvoir de nomination, ne peut connaître tous les hommes et savoir quel est le plus compétent à Aïn Touta pour diriger la lointaine entreprise publique de coton synthétique. C'est pourquoi, Dieu a doté tous les Présidents de deux oreilles, un Président sourd n'ayant encore jamais été élu dans le monde. Si l'actuel Président algérien possède lui aussi deux oreilles, on ne sait pas vraiment combien sont les personnes à pouvoir y accéder. En dehors de Larbi Belkheir, le(s) frère(s) et quelques ministres connus pour être dans l'entourage immédiat du chef de l'Etat, il y a toute une foule de gens qui gravitent autour. Il y a les conseillers, des hauts fonctionnaires, des amis de longue date, des membres de la famille et quelques personnages dont l'opinion ignore tout du nom ou de la fonction. Devant le nombre impressionnant de limogeages et nominations qu'a effectué le Président, la question est toujours la même : est-ce un bon choix ? C'est-à-dire qu'à ce stade oral, quelle bouche a-t-elle « vendu » ce wali, ce directeur général ou ce ministre à l'oreille présidentielle ? A l'heure du bilan en 2009, nous saurons si ces bouches donnent de bons conseils ou l'utilisent avant tout pour manger plus. Et si la plus haute des oreilles de la hiérarchie fonctionne bien.