Tomber de rideau ce jeudi sur la foire du lait qui a réuni durant trois jours, à l'initiative de la chambre d'agriculture de la wilaya de Constantine, une quarantaine d'exposants concernés à divers degrés par la promotion de la filière lait. Au-delà de son aspect purement commercial, cet événement a constitué, de l'avis même des visiteurs rencontrés sur place, une bonne opportunité de s'imprégner de la réalité et des spécificités des filières laitières du Constantinois, depuis la production laitière et l'organisation des exploitations jusqu'aux unités de transformation en passant par toutes les structures spécialisées dans les équipements spécifiques, la sécurité sanitaire, les bonnes pratiques de production, les produits vétérinaires et les désinfectants bactéricides. Après avoir mis en exergue les gros efforts consentis ces deux dernières années pour booster le niveau de production et souligné l'ambitieux programme de relance initié par l'autorité de tutelle en vue de faire face à une demande croissante et de réduire les importations de la poudre de lait estimées à plus de 600 millions de dollars US par an, Nourredine Achouri, président de la chambre d'agriculture et cheville ouvrière de ce salon du lait, mettra un bémol à l'euphorie ambiante en replaçant ce secteur dans son contexte le plus objectif. Dans un premier temps, en identifiant les obstacles réels entravant la concrétisation sur le terrain des objectifs visés par ce programme. « Il est impératif, dira-t-il à ce sujet, que les éleveurs et l'ensemble de leurs partenaires soient réhabilités et stabilisés dans leur fonctions respectives, notamment par des mesures de facilitations à l'accès au crédit à des taux préférentiels. De même, il est primordial de créer de nouvelles unités de transformation, de revaloriser les prairies naturelles, de créer des pépinières de génisses, d'acquérir plus de cheptel, d'introduire de nouvelles techniques d'élevage et d'insémination artificielle et de moderniser les infrastructures, le matériel agricole spécifique ainsi que les équipements laitiers. » Il invitera ensuite tous les intervenants dans cette filière « à engager des contacts professionnels et interprofessionnels visant à réhabiliter la production laitière par la mise à niveau des exploitations, sachant qu'à l'heure actuelle, les autres entraves au développement de la filière lait sont connus de tous ». En sa qualité de spécialiste de la filière lait et de président de la chambre d'agriculture, ce dernier ciblera particulièrement « la faiblesse du niveau technique des éleveurs, les méthodes de gestion archaïques en usage dans la plupart des exploitations laitières affectées, en outre, de mauvaises pratiques d'ordre sanitaire et d'hygiène, la malnutrition du cheptel et les coûts de production élevés par rapport au prix des prestations et des produits vétérinaires, de l'aliment du bétail et des équipements spécifiques performants ». Regrettant au passage un niveau de production très en deçà des potentialités réelles recelées par la wilaya de Constantine, il exhortera l'ensemble des partenaires concernés par cette filière à redonner au Constantinois sa vocation de bassin laitier.