« Du pain et du lait vendus à même le trottoir, de l'eau pas toujours aussi potable qu'on le dit, de la viande pleine à craquer d'antibiotiques... Plus de 5 000 intoxications alimentaires ont été enregistrées en 2004 dans la seule ville d'Oran. » Zaki Hariz, président de l'association de protection des consommateurs, est prolifique en superlatifs quand il s'agit de parler des risques que font courir les aliments à la santé publique. Quelques chaises, un micro-ordinateur et quelques affiches... le décor est planté par les militants de cette association qui vient d'inaugurer son nouveau siège, sis au 15 rue de Moncy (près du Lycée Lotfi). Cette ONG est pourtant la seule à défendre les consommateurs de la capitale de l'Ouest. Mais, pour l'heure, une seule priorité : sensibiliser. Un vrai casse-tête chinois puisque, comme le dit M. Hariz, « non seulement les moyens font défaut, mais en plus beaucoup reste à faire en matière d'information. Un numéro vert mis à la disposition du public par la direction du commerce, n'a eu qu'un nombre insignifiant d'appels. Et M. Hariz, de plaider pour « l'ouverture des médias lourds aux associations de défense du consommateur. » L'administration s'implique Pour sa part, M. Maouche, le directeur du commerce de wilaya, s'est félicité du travail accompli par cette association dans une ville comme Oran qui, il n'y a pas si longtemps, n'en comptait aucune. Ce responsable dira : « Dans le passé, vu la carence qui a caractérisé le mouvement associatif, l'administration a été contrainte de tenter - mais en vain - de créer des associations. Mais le contexte de l'époque, marqué par des pénuries tous azimuts de denrées alimentaires, rendait ridicule une telle tâche. » S'adapter à tout prix Ainsi, « s'adapter au contexte de la mondialisation sous peine de la subir de plein fouet » est à présent un défi partagé par l'administration, les associations et le représentant de l'union des commerçants qui estime que « la prise de conscience est le talon d'Achille. » Pour cela, une seule méthode semble sonner comme un leitmotiv : « Seul le travail de proximité paye. » Une journée d'information est d'ailleurs prévue vers la fin du mois, mais ceci est loin de dissimuler l'obsession de ces militants d'investir les plateaux télé et les studios des radios. De son côté, le Docteur Samir, un vétérinaire militant au sein de cette association, a mis l'accent sur la responsabilité citoyenne et a plaidé pour « le respect des délais d'attente quant à l'abattage des animaux soumis à une antibiothérapie. » Car, explique-t-il, « les médicaments tels que les antibiotiques font des ravages sur la santé publique en provoquant des antibio-résistances. » Ce qui donne des ailes à ces militants qui comptent mener un combat juridique en se constituant partie civile dans la lutte contre toutes formes d'infractions et d'atteintes aux consommateurs. Car ils sont plus que jamais convaincus que « la responsabilité est partagée. »