Organisées par le centre universitaire de Khenchela et la société d'études et de recherches Aouras de France, les journées d'étude sur « L'Aurès antique » se sont ouvertes hier avec l'intervention de Hamza Amirèche, enseignant à l'université Mentouri de Constantine, qui situera le cadre géographique de l'Aurès, disant que ce dernier constitue un massif compact, formé dans cet état actuel lors du tertiaire essentiellement de calcaire et de gré et de marne dans les dépressions. Professeur de préhistoire au Museum national d'histoire naturelle de Paris et ancien chercheur au CRAPE (devenu actuellement CNRPAH), Colette Roubet nous fera part des travaux qu'elle avait effectués en 1968 dans la grotte de Khanguet Capeletti. Descendant d'une famille italienne installée en Algérie en 1848, Jean-Baptiste Capeletti, premier meunier de la région (1934), exploitera le guano (rejet des chauves-souris) de trois mètres de hauteur utilisé comme engrais et se trouvant dans ladite grotte, avec sa femme, une autochtone nommée Hemama. Selon les renseignements tirés de cette fouille, des pasteurs venaient s'installer dans cette grotte de 7000 ans à 3000 ans avant J.-C. Leurs transhumances les menaient jusqu'à Khanguet El Hadjar dans la région de Guelma. Après épuisement du guano, beaucoup d'objets ont été trouvés dans la grotte Capeletti, des outils en silex, des tessons de poterie, des parures d'autruche et bien d'autres choses. Même des coquilles d'escargots, ce qui indique que ces pasteurs glanaient ces bestioles en dehors de la grotte pour les y manger. Bien sûr, selon elle, il doit y avoir beaucoup de grottes. D'autres travaux les feront découvrir, qui donneront sûrement beaucoup d'enseignements à propos de cette région et de ses habitants dans le temps. Ali Guerbabi, conservateur du patrimoine, a, quant à lui, parlé des plus anciennes sources relatives à la région en matière de protohistoire et de la manière de les appréhender. Il a insisté sur la nécessité de reprendre et de renouveler les recherches archéologiques au sens large pour une meilleure connaissance de cette période. Il a mis l'accent sur ce qui a été le plus exploré, à savoir les monuments funéraires qui couvrent pratiquement tout l'Aurès, bazinas (généralement des sépultures circulaires appareillées), dolmens avec couverture mégalithique, chouchet (monument mixte, dolmen et bazina), etc. Comme quoi, selon lui, « on ne peut fonder notre connaissance uniquement sur les monuments funéraires », d'autant plus qu'« il y a plusieurs sites d'habitat qui sont associés à ces sépultures mais qui n'ont jamais été étudiés ».