Seule la presse de Sa Majesté continue de s'égosiller sur une supposée initiative franco-espagnole, que même les concernés se sont empressés de démentir. Les velléités marocaines d'imposer une «solution» contraire au droit international et aux accords de Houston concernant la question du Sahara occidental ont définitivement été enterrées depuis que Zapatero a été contraint de faire marche-arrière sous la pression de la classe politique espagnole. Le coup de grâce, en outre, vient d'être asséné à Rabat de la part des USA. En effet, l'accord de libre-échange conclu récemment entre les Etats-Unis d'Amérique et le royaume chérifien exclut de ses termes la question du Sahara occidental. La mise au point, on ne peut plus directe, du Congrès américain, que l'accord de libre-échange en question «concerne le commerce et l'investissement dans le territoire du Maroc tel qu'il est reconnu internationalement et n'inclut pas le Sahara occidental». L'information, qui a été rendue publique hier par l'agence de presse sahraouie, cite le Congrès américain qui en a fait l'annonce à la suite de l'adoption de l'accord en question. Dans une déclaration faite par les membres de cette instance, il est en effet précisé que le Sahara occidental est exclu de cet accord entre les deux pays puisqu'il ne fait pas partie du territoire marocain reconnu par les Etats-Unis d'Amérique. La mention en est expressément précisée dans le document adopté ce jeudi par le Congrès. Un véritable camouflet pour le Palais de Mohammed VI, qui pensait avoir désormais le vent en poupe, et que des pressions allaient être exercées sur Alger dans le sens qui arrangerait les seuls intérêts coloniaux de Rabat. Le porte-parole du gouvernement marocain, qui ne s'attendait sans doute pas à une pareille sortie, quoique prévisible pour qui connaît les positions américaines vis-à-vis de cette question, était allé vendredi jusqu'à dédaigner les mises au point de notre diplomatie, refusant catégoriquement l'idée de s'asseoir autour de la même table que les dirigeants du Front Polisario. C'est ce que souhaitait notre pays pour qui seule la Rasd (République arabe sahraouie démocratique) est à même de décider de son sort et de traiter d'égal à égal avec l'autorité coloniale, comme il a toujours fait, sous la médiation de nombreux Etats ainsi que de l'instance onusienne. Dans une réaction qui ne s'est guère fait attendre, le Front Polisario «salue cette position indubitable et claire en concordance avec les principes de légalité internationale». C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre conseiller à la Présidence, Mohamed Sidati, ajoutant que le statut du Sahara occidental est défini comme celui d'un «territoire non autonome qui fait l'objet d'un processus de décolonisation». Le Maroc qui «l'occupe illégalement n'y a aucun pouvoir de souveraineté», conclut l'intervenant dans une déclaration également rapportée par l'agence de presse sahraouie. Commentant la très importante position américaine, le ministre sahraoui ajoute que «la portée de la position de l'Administration américaine est d'autant plus importante, qu'en ce moment, le Maroc cherche désespérément à légitimer et à renforcer son occupation illégale du Sahara occidental en proposant de signer à tout vent des contrats d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental, impliquant des compagnies étrangères», a ajouté le ministre Sur sa lancée, il a outre rappelé le verdict du secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires légales dans son rapport de janvier 2002, qui indique que toute exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental constitue une violation du droit international et du statut applicable aux territoires non autonomes. «Le Front Polisario saisit cette opportunité pour lancer un appel pressant demandant à tous les pays, à toutes les entreprises multinationales ou autres, de respecter les principes de la légalité internationale au Sahara occidental et de s'abstenir donc de s'engager dans toute activité quelle que soit sa nature, qui peut se traduire par leur implication directe ou indirecte dans les territoires occupés du Sahara occidental», a-t-il ajouté. Cela, avant d'attirer l'attention de tous les pays membres de l'Union européenne, liés par un accord d'association avec le Maroc, sur la nécessité de veiller à ce que toute transaction conclue avec ce pays le soit «uniquement dans le cadre des frontières internationalement reconnues du Maroc, et qu'en aucun cas elle n'implique les territoires du Sahara occidental indûment occupés par celui-ci». Si la question du Sahara occidental n'en finit pas de déchaîner les passions et la polémique, le moins que l'on puisse dire, c'est que le Maroc a perdu une énième bataille diplomatique, qui sera sans doute la dernière avant que le plan Baker ne soit appliqué et que le peuple sahraoui ne décide souverainement et démocratiquement de son sort.