La tension est toujours vive dans les territoires palestiniens, dont les habitants s'opposent par tous les moyens à la politique israélienne. Une politique au demeurant connue et établie puisqu'elle consiste à occuper ces territoires par la multiplication de faits accomplis, avec un silence complaisant de la communauté internationale. L'ONU, dans un tel cas, devient le vigile astreint au silence, mais un vigile quand même puisqu'elle détient la vérité des cartes. C'est ainsi que cette organisation n'a jamais reconnnu l'annexion de la ville d'El Qods occupée en 1967 et décrétée capitale d'Israël en 1980. L'anniversaire de cette occupation a été commémoré hier par les Palestiniens sortis en nombre pour manifester leur attachement à leur terre. Ils se sont heurtés à la police israélienne. Scènes classiques de l'occupation. Les troubles ont été provoqués par la visite sur les lieux d'un groupe d'extrémistes juifs, a-t-on indiqué de sources palestiniennes. L'agence officielle palestinienne Wafa a accusé la police israélienne d'avoir « autorisé des groupes juifs extrémistes sur l'Esplanade (des mosquées, ndlr) sous le couvert des visites quotidiennes ». Le directeur du Waqf, l'office des biens musulmans, a pour sa part affirmé que les forces israéliennes avaient « agressé les fidèles qui s'opposaient aux extrémistes juifs autorisés à pénétrer » dans le lieu saint. A la suite de ces heurts, le leader palestinien Mahmoud Abbas a déploré de « graves violations injustifiées » contre l'Esplanade des mosquées. « Nous sommes habitués à cela. Le gouvernement israélien et la communauté internationale doivent mettre fin à ces violations graves et injustifiées qui risquent d'avoir des conséquences regrettables », a déclaré M. Abbas à Ramallah, en Cisjordanie. A Ghaza, un chef du Jihad islamique, Khaled Al Batsh, a mis en garde contre « un bain de sang » si des extrémistes juifs venaient à porter atteinte à l'Esplanade, qui abrite la mosquée Al Aqsa et le Dôme du Rocher. « Une agression contre Al Aqsa par les extrémistes juifs provoquerait un bain de sang », a-t-il dit, dénonçant « le silence des dirigeants arabes et musulmans face aux tentatives de profaner Al Aqsa après la profanation du Coran à Guantanamo. » L'histoire de cette journée, en quelque sorte ordinaire, aurait pu s'arrêter là, si de telles provocations n'avaient pas l'onction du gouvernement israélien, dont le chef, on s'en souvient, avait précédé de la même manière en septembre 2000 alors qu'il était dans l'opposition. Cette année en effet, et comme toutes les précédentes, les Israéliens ont sorti un plan pour le développement d'El Qods, visant à « renforcer l'emprise » d'Israël sur la ville. Rien n'est laissé au hasard, car le 6 juin est la date d'occupation par Israël en 1967, de la ville sainte et ensuite de son annexion. A l'occasion de cet anniversaire, le gouvernement israélien tiendra une réunion spéciale. Le plan de développement de « Jérusalem capitale », d'un montant de 280 millions de shekels (64 millions de dollars), prévoit notamment la construction de logements et la création d'emplois susceptibles d'encourager l'installation de jeunes couples dans la ville, indique un communiqué. « Le Premier ministre a déclaré que le plan aidera à renforcer notre emprise sur Jérusalem et en fera une ville attractive pour des investisseurs, de nouveaux habitants, des touristes et situera Jérusalem à la place qui lui convient, celle de la première des villes d'Israël », ajoute le communiqué. Le 30 juillet 1980, une « loi fondamentale » votée par le Parlement israélien a proclamé Jérusalem « réunifiée et capitale éternelle d'Israël ». Cette annexion n'a pas été acceptée par la quasi-totalité de la communauté internationale. Les Palestiniens veulent faire d'El Qods-Est leur capitale, et c'est d'ailleurs l'un des points d'achoppement de tout processus de règlement. De son vivant, l'ancien leader palestinien Yasser Arafat en avait fait une question fondamentale lors des négociations de Wye Plantation aux Etats-Unis sous les auspices de l'ancien président américain Bill Clinton. Son successeur n'est pas de ceux qui se situeraient en-deçà de cette revendication. Alors qu'il s'apprête à rencontrer son homologue israaélien Ariel Sharon, il a déjà réitéré la position de l'Autorité palestinienne à l'égard de toutes les questions qui doivent figurer dans l'agenda des négociations. Une rencontre au sommet devrait se tenir au début de la troisième semaine de juin, a indiqué sans avancer de date précise, Saëb Erakat, principal négociateur palestinien. « Ce sommet se tiendra au début de la troisième semaine de ce mois-ci » a-t-il dit. Des rencontres sans perspective, car tuées par l'intransigeance israélienne.