A ceux qui pouvaient encore en douter, Washington vient de rappeler au Conseil de sécurité son opposition à toute action de l'ONU dans les territoires occupés. Sans surprise, les Etats-Unis ont réitéré jeudi, leur opposition à toute action du Conseil de sécurité de l'Onu au Proche-Orient. Ce n'est plus une prime à l'agression, mais bien un encouragement au génocide perpétré par l'armée israélienne contre tout le peuple palestinien. Depuis l'Intifadha d'El-Aqsa, en septembre dernier, plus de 1200 Palestiniens - dont de nombreux enfants et adolescents - sont tombés sous les balles israéliennes. Prés de 40.000 blessés ont été également dénombrés. Ces chiffres qui se passent de tout commentaire, auraient, partout ailleurs, incité la communauté internationale à intervenir rapidement par tous les moyens pour mettre un terme aux tueries. Ce qui ne semble point être le cas pour les Palestiniens auxquels la communauté internationale donne l'impression de leur refuser toute protection, et cela parce que Washington s'oppose à une intervention internationale dans les territoires occupés. Pourtant, les Palestiniens ne demandent même pas la condamnation d'Israël, ils réclament - seulement - la protection de la communauté internationale. Une protection que les Etats-Unis leur refusent. Les Américains, qui ont diligenté une guerre contre la Serbie, interviennent - par OTAN interposé — dans le problème des séparatistes albanais en Macédoine ne sont toujours pas convaincus de l'urgence d'une intervention internationale au Proche-Orient ou la situation, plus grave qu'elle ne l'est en Macédoine, ou qu'elle ne l'était au Kosovo, se dégrade de jour en jour. Certes, comparaison n'est pas raison, mais il n'en demeure pas moins qu'il faut convenir que l'inaction américaine et internationale au Proche-Orient équivaut à donner carte blanche aux Israéliens dans leurs exactions génocidaires contre les Palestiniens. Cet état de chose est fort éloquent quant au poids réel des Nations unies et de leur Conseil de sécurité devenus de simples appareils d'appoint au service de la stratégie des Etats-Unis. Sinon comment comprendre que ce soit Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, qui demande à Washington d'être «plus active et de s'impliquer davantage» au Proche-Orient, alors que l'on était en droit de s'attendre à ce que ces recommandations soient adressées aux Nations unies dont c'est essentiellement le rôle, qui justifie leur existence. Or, le Conseil de sécurité est mis présentement dans l'incapacité de répondre à ses devoirs consistant singulièrement à venir en aide à un peuple en danger de mort. Les Etats-Unis qui avaient déjà, en mars dernier, opposé leur veto à l'envoi d'observateurs dans les territoires palestiniens occupés, réitèrent une position devenue immuable par leur ambassadeur à l'ONU, James Cunningham, qui a déclaré jeudi au Conseil de sécurité, lors des débats sur le Proche-Orient, que son pays s'opposera «à toute résolution par tous les moyens dont nous disposons». Alors que l'urgence aujourd'hui est de mettre un terme aux exactions israéliennes contre un peuple désarmé, certains pays - cf. notamment la Grande-Bretagne - en sont encore à appeler à «l'établissement d'un mécanisme de contrôle» pour «aider» Israël et le Palestiniens à «appliquer les recommandations du rapport Mitchell». Le rapport Mitchell n'a-t-il pas été rendu inapplicable par les Israéliens eux-mêmes qui refusent les articles qu'ils jugent contraignants pour l'Etat juif? Si effectivement la communauté internationale estime ce rapport encore d'actualité, ne doit-elle pas imposer son application aux deux parties sans attendre leur accord ou consentement? N'est-ce pas plutôt le souci de ne pas indisposer l'Etat juif et de le mettre sur la défensive qui aura ainsi primé? Ne pas culpabiliser Israël, n'est-ce pas là la volonté des Etats-Unis qui fait qu'ils s'opposent à tout examen sérieux du dossier proche-oriental par les Nations unies? Les Etats-Unis, en défendant de la sorte un Etat qui a érigé le crime collectif en politique d'Etat, en interdisant au Conseil de sécurité de prendre les résolutions adéquates propres autant à rétablir le calme au Proche-Orient que les Palestiniens dans leurs droits, ont définitivement mis l'ONU au rang de «machin» duquel les Etats ne peuvent attendre ni aide ni protection. C'est en tout état de cause l'une des conséquences du diktat américain sur les Nations unies.