Les services de la police ont procédé, hier à Ras El Ma, 110 km au sud du chef-lieu de la wilaya, à plusieurs interpellations après les violentes émeutes qui ont éclaté en début d'après-midi. Selon une source digne de foi, ce mouvement de protestation a gagné toute la ville où plusieurs artères ont été interdites à la circulation, obstruées par des pneus calcinés et autres objets hétéroclites dressés par les manifestants. On nous a signalé en fin d'après-midi quelques blessés suite à l'intervention des forces de l'ordre qui ont eu recours aux bombes lacrymogènes pour les disperser. L'antenne locale de la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas), celle de la Caisse régionale de la mutuelle agricole (CRMA), l'unique Maison de jeunes et le siège de l'APC de Ras El Ma ont été partiellement saccagés, hier, par les émeutiers, selon un témoin présent sur lieux. Saccage qui a touché, à un degré moindre, le siège de la daïra, d'où tout a commencé. A l'origine de ces incidents, selon des sources concordantes, une dispute qui aurait dégénéré entre le chef de la daïra de Ras El Ma et des représentants d'associations de quartier, lundi dernier. L'abordant en pleine rue pour lui exprimer leur mécontentement au sujet des travaux d'aménagement et de revêtement des routes entamés uniquement au centre-ville, celui-ci, n'appréciant pas « les écarts de langage » de ses administrés, s'est empressé de déposer plainte auprès de la police. Suite à quoi, trois habitants de la localité, dont un notable appartenant à l'une des plus influentes tribus de la région, ont été interpellés et conduits au commissariat de police où ils ont dû passer la nuit. Le lendemain, « la solidarité tribal », surtout, fut appelée à la rescousse. Il n'en fallait pas plus pour que des jeunes aux horizons bouchés, qui n'ont cessé de dénoncer la détérioration de leurs conditions de vie, se mettent en mouvement. Contacté par téléphone, un sénateur de la région affirme que ces incidents ont été provoqués par des « mouchaghibine » (fauteurs de troubles) et que « l'Etat à les bras longs ! ». L'« élu » du peuple, qui a tenté de minimiser les choses, n'omet pas, toutefois, d'évoquer « le dénouement criant de la population, réduite à un état végétatif ». Une délégation de la wilaya s'est rendue sur place, hier, flanquée des principaux responsables des services de sécurité pour rétablir la situation dans cette ville garnison.