Une cinquantaine de jeunes a occupé, lundi après-midi, la rue à Ras El Ma, 90 km au sud de Sidi Bel Abbès, pour manifester sa colère et dénoncer le chômage et le mal-vivre de la population de cette contrée du sud de la wilaya. Les manifestants, scandant des slogans hostiles aux autorités locales, ont bloqué les rues convergeant vers le siège de la mairie de Ras El Ma et s'en sont pris aux employés d'une entreprise de travaux en bâtiment appartenant à l'ex-maire de la ville et actuel sénateur, élu sur les listes du FLN, selon des sources concordantes. Ces mêmes sources indiquent que des jeunes rongés par le désespoir ont cerné le siège de l'APC, en début d'après-midi, avant de l'arroser de pierres, causant ainsi quelques dégâts matériels à cet édifice public. L'absence de projets créateurs d'emplois et la lenteur enregistrée dans l'aménagement du quartier populaire Abdelkader (ex-Brinssa), qui comprend plus de 15 000 habitants, est à l'origine de ce mouvement de contestation qui, selon nos sources, a fait des blessés parmi les manifestants suite à l'intervention des forces de l'ordre. Contactée hier, la cellule de communication de la sûreté de wilaya n'a pas fait état d'arrestations dans les rangs des manifestants et a affirmé que les renforts dépêchés sur les lieux, lundi et hier, ont « pu maîtriser la situation et rétablir l'ordre ». Il y a lieu de signaler que c'est la troisième fois, en l'espace de trois ans, que des émeutes éclatent à Ras El Ma ( ex-Bedeau), véritable ville garnison. Ainsi, la colère de la population va en s'amplifiant mettant à nu les promesses sans cesse renouvelées et jamais tenues des autorités. Mais aussi l'arbitraire et l'injustice que ne cesse de dénoncer la population locale, soumise au diktat des trafiquants de drogue, nombreux dans la région. Néanmoins, certains habitant de Ras El Ma, contactés hier, insistent sur le fait d'éviter toute violence, affirmant : « On veut rencontrer des responsables en qui on aura confiance et qui nous écoutent. »