A l'occasion de la Journée de l'artiste, les chanteurs Amar El Achab et Réda Djillali se sont produits, mercredi soir, à la salle El Mougar. Après plus d'une heure de retard, le rideau se lève sur la projection de séquences des films Le Clandestin et Les Concierges. Façon singulière de rendre un hommage posthume aux talentueux artistes disparus, tels que Rouiched, Ouardia, Momo... et tant d'autres. Dans un discours exhaustif, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a affirmé que « toute société qui se respecte honore ses artistes, d'autant plus que les nôtres ont participé à la révolution nationale, en ne ménageant aucun effort pour son accomplissement parmi eux l'illustre Ali Maâchi ». Passant en revue la décennie noire, elle a rappelé que plusieurs artistes algériens n'ont pas déserté le terrain, rendant ainsi entre autres un vibrant hommage à Abdelkader Alloula, à Rabah et Ahmed Asselah, à Matoub Lounès, « ces artistes que personne ne peut oublier ». Le prélude de la soirée commence par la prestation de la chanteuse Naïma Ababsa, laquelle a repris au grand bonheur des uns et des autres son entraînante chanson en hommage aux chouyoukh disparus. C'est sous une slave d'applaudissements et des youyous stridents que Réda El Djillali, vêtu d'un costume bleu et d'un nœud de papillon, monte sur scène. Très ému, il prend son oud et entame Ya ounouk ya kamar, Ya Ali, Meriem ya Meriem, Nestahel el kiya... Agé de 65 ans, Réda El Djillali est rentré à 15 ans au conservatoire d'Alger avec comme professeur Abderrazek Ferkhadji et Hadj Mohamed El Anka. A l'issue de l'indépendance, il devient professeur de musique andalouse. Exilé en France depuis des années, Réda El Djillali ne rate aucune occasion pour assister à des soirées algériennes. Amar El Achab, les 75 ans bien entamés, prend le relais. Dès qu'il fait son apparition sur la scène, tout le monde se lève pour saluer cet artiste, lui aussi exilé à Marseille depuis fort longtemps. Les femmes ne seront pas avares en youyous. Avec sa voix prenante et saisissante à la fois, il chantera d'anciens succès à lui dont Nesthel el kiya, Sâra haniâa, Ya gomri, Hasdouni fi chammâti. Des « saha y a chikh » et « Allah iaychek » (merci, bravo !) fusent un peu partout dans la salle. Amar El Achab est l'une des grandes figures de la chanson chaâbi des années 1950 et 1960. La soirée s'est achevée par la remise de médailles et de diplômes honorifiques à d'anciens et de nouveaux artistes.