Chose promise, chose due: l'artiste chanteur multi-instrumentiste, Akim El Sikameya, a mis le feu à la salle El Mougar, hélas pas assez pleine ce soir-là. Il faut dire que jeudi, trois concerts et non des moindres étaient programmés en même temps dans la capitale. Mais ce n'est pas cela qui allait décourager notre sympathique artiste qui sut, d'emblée, mettre en confiance l'assistance, en interpellant quelques jeunes dans la salle et en communiquant avec le public dans un geste des plus naturels. Comme on dit: «Vaut vieux la qualité que la quantité.» Jouant de son violon debout, comme à l'accoutumée, Akim El Sikameya qui déclarera être rassuré de par l'accueil chaleureux dont il a fait l'objet, interprétera des morceaux phares de son album Chuya d'amour et autres reprises du patrimoine algérien dont on ne se lasse pas d'écouter, tant le rythme entrainant vous pousse immanquablement vers la piste de danse. L'artiste se produira ce soir en formation réduite, composée de cinq musiciens pour un spectacle en salle décliné en divers instruments: guitare sèche, guitare électrique, percussions et mandole. Des musiciens issus, notamment de France, de l'île de la Réunion, d'Italie et du Maghreb. «Bienvenu dans mon jardin», déclare Akim et d'annoncer le titre Nouzha, chanté sur un rythme de valse, puis de flamenco. Toubou lilah sur un air tzigane et africain puis Lala lilla se suivent, mais ne se ressemblent pas. «Cela fait 10 ans que j'attendais ce moment de me produire en Algérie!», révélera l'artiste. Le public, sous le charme, se lève pour danser gaiement. Akim El Sikameya chante Aïni qu'il dédiera à toutes les femmes et à toutes les mamans, ainsi qu'à sa maman qui est au ciel. Touchant, Akim, la tête en arrière, face au ciel et les yeux fermés, entonne un morceau dont l'air n'est pas sans rappeler la musique du film Le Temps des gitans d'Emir Kusturica. Moment de gravité solennelle et d'élévation. Place aussi à l'enchantement avec un istikhbar langoureux, avec sa manière originale de revisiter l'andalou. La surprise viendra du réarrangement du morceau phare du répertoire classique algérien Ya kalbi kheli el hal yamchi ala halou, revu et corrigé à la sauce flamenco, précédé d'une touche jazzy. Le concert atteindra son apothéose avec ce morceau culte Ayli hbibi diali fin houa qui fera bouger plus d'un dans la salle. Un moment fort qui fera lever de leurs chaises les plus sceptiques. L'artiste continue d'égréner ses morceaux et pousser le public vers une certaine interactivité, à communier avec lui en reprenant des mots ou onomatopées simples à réciter ou encore à avancer le pied à droite et s'émouvoir. Au bout d'une heure quarante minutes de concert, Akim Sikameya prend congé du public et s'est un autre groupe qui fait son apparition: Castigroove. Ce groupe qui a acquis une solide réputation auprès des jeunes, ne tarde pas, lui non plus, à gagner le coeur des spectateurs. Sa musique, une fusion, alliant musique algérienne au rythme occidental est originale, décoiffante, notamment ce dialogue banjo/guitare électrique saisissant. «Une façon de représenter une jeunesse moderne sans pour autant renier ses origines arabo-berbéro-africaines», nous affirme-t-on. Un répertoire qui fait de rencontrer les sons pop, rock, reggae, avec des mélodies chaâbi, berbères, et gnawa. Castigrooove puise ses textes dans son vécu ainsi que celui des jeunes pour raconter leur mal-vie, leurs déboires, mais leur espoir aussi. L'histoire de ce groupe commence au début de l'année 2006, où des amis musiciens décident de former un groupe dans une association musicale, chacun des membres évoluant dans différentes formations et dans différents styles musicaux allant du chaâbi au rock, ce qui explique le style musical adopté par le groupe, mélangeant à la fois musique traditionnelle et sonorités pop, rock et reggae. Le morceau Rien dans la tête mais tout dans les poches illustre bien ce mélange mais, toutefois, n'est pas sans rappeler - un peu même trop - la voix et le style musical adopté par Amazigh et Gnawa Diffusion. Un morceau qui fera bouger la salle. A ses débuts, le groupe portait le nom de Smaylia et par la suite, il portera celui de Casti Groove. Début 2008, le groupe entame une nouvelle étape dans son parcours. Il veut en finir avec les reprises et avoir son propre cachet et surtout compositions. Il entre en studio pour enregistrer son premier album, un album autoproduit. C'est le 8 juin 2008 lors de la célébration de la Journée de l'artiste en Algérie, que le groupe remporte le premier prix du concours du président de la République pour les jeunes créateurs (prix Ali-Maâchi 2008) dans la catégorie musique en participant avec le titre Sima L'Barda, premier morceau joué lors de cette soirée, avec un Nazim à la guitare et au chant, toujours fidèle à lui-même et à son aura sombre et aérienne. Une soirée déjantée qui a permis au public algérien de réécouter ce bon groupe et de faire connaissance avec un fils du bled qui n'a qu'une seule envie, se produire de nouveau dans son pays natal.