Est-ce le début de la fin du feuilleton controversé de l'unité des corps gras de Maghnia ? Les scandales à répétition qui ont durement secoué cette usine d'huile et de savon, depuis les derniers mois, finiront inéluctablement - si l'on se réfère aux nouveaux bouleversements - par compromettre sérieusement l'avenir de 400 travailleurs et fermer ou faire changer de main cette infrastructure qui a fait, longtemps, la fierté de toute la région de l'extrême Ouest du pays. « Nous sommes en rupture de matière première (huile brute et suif) et, donc, les ouvriers vont être mis en congé forcé à partir d'aujourd'hui. Cette décision est la conséquence de la mauvaise gestion », indiquent, en colère, des travailleurs qui refusent le fait accompli. Il faut rappeler que cette entreprise a à son actif près de 200 milliards de créances et un découvert bancaire énorme, d'où cette situation inextricable. « Malgré le départ de l'ancien P-dg, l'état de santé de l'usine ne s'est pas amélioré ; pire, les nouveaux gestionnaires ont fait les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs, à savoir vendre nos produits - l'équivalent de 3 milliards de centimes - en encaissant des chèques sans garantie, des chèques qui, bien entendu, sont retournés impayés », renchérissent nos interlocuteurs. L'inquiétude des travailleurs est d'autant plus légitime qu'ils refusent de payer à la place des gestionnaires. « Nous interpellons les autorités de l'Etat pour qu'ils interviennent et ne pas laisser mourir cette unité. Nous souhaitons une enquête qui révèlera les tenants et aboutissants de cette mascarade. Nous voulons que les responsables de ce crime économique soient débusqués et punis par la loi de la République. » Le prélude malheureux de ce feuilleton n'étonne en fait personne, en ce sens que l'ENCG a été toujours gérée comme une entreprise familiale, sans que les responsables à différents niveaux n'aient pu ou voulu mettre un frein aux appétits gargantuesques et malhonnêtes des « commandants d'un bateau partant à la dérive. » Les 200 milliards de centimes sont détenus par des clients suspects qu'on ne connaît pas parce qu'ils ont toujours agi avec des prêtes- noms et des hypothèques complaisantes. Nous ne nous sommes jamais tus, mais personne n'est jamais intervenu pour redresser la situation. Mais nous n'abdiquerons pas... »