Les premières conclusions de l'enquête sur la mafia du ciment à l'Est sont tombées mardi dernier. De nombreux transporteurs ont avoué leur implication directe ou indirecte dans la grande spéculation et dans le réseau de commercialisation parallèle du ciment de production Société des ciments de Hadjar Soud (SCHS). Tout autant que la filiale de commercialisation, SCHS fait partie du portefeuille de la Société de gestion des participations des cimentiers de l'Est (SGP ERCE). Les déclarations sur PV de police des autoconstructeurs, promoteurs immobiliers et entreprises dont les fiches clients auraient été utilisées par-devers eux, complètent ces aveux. Les enquêteurs de la police judiciaire de Annaba n'ont pas fait dans le détail lorsqu'ils affirment que leurs investigations ont mis à jour des pratiques répréhensibles dans la commercialisation du ciment. C'est dire que même s'il n'y a pas eu de préjudice commis aux filiales, des interpellations, présentations et mises en examen pourraient intervenir incessamment. C'est en tous les cas ce que laisse entendre le premier responsable de la brigade judiciaire chargé de l'enquête : « Dans cette affaire, les auteurs ont manœuvré de telle manière qu'ils puissent spéculer sur le prix sans avoir à commettre un préjudice à leur société. C'est le consommateur qui est la seule victime de cette spéculation sur le ciment mis en place dans les différentes filiales chargées de la production et de la commercialisation du ciment », a-t-il précisé Toutes ces turbulences autour des 2 filiales du groupe SGP corroborent des affirmations des travailleurs et des transporteurs conventionnés ou pas. Elles confirment également que le népotisme trouve toute sa signification dans et hors des filiales de production et de commercialisation. Selon l'officier responsable de la police judiciaire, des preuves accablantes ont été mises à jour. Pour les enquêteurs, le procureur de la République du tribunal de Annaba saisi du dossier devrait adresser une requête à la chambre criminelle pour la désignation de la juridiction compétente. Les mêmes sources ont précisé que les faits susceptibles d'être reprochés aux cadres d'exécution et dirigeants seraient la complicité de faux en écriture de commerce et usage de faux. A la SGP de Constantine, le PDG M. Bendib et ses proches collaborateurs des filiales ont nié tout trafic ou implication de leurs structures respectives dans cette affaire. « Nos filiales ne sont pas responsables de ce qui ce fait à l'extérieur de leurs enceintes respectives. L'audit interne réalisé récemment prouve que leur gestion est indemne de tout reproche. Nous précisons que le PDG de la SCHS n'a pas été mis en congé pour une faute dans sa gestion. Il a bénéficié de ses droits au congé dans le cadre d'une procédure tout ce qu'il y a de normal », a argumenté M. Bendib. Même si, par médias interposés, les syndicalistes de la SCHS (Skikda) et de l'Unité commerciale d'El Hadjar (Annaba) crient à la manipulation et à la déstabilisation, la police judiciaire de Annaba poursuit ses investigations. Ses éléments ont déjà dépouillé des centaines de documents, vérifié les fiches clients et de stocks, compulsé les registres d'entrées et des sorties des cargaisons de ciment, bons de commande, collationné le paiement des chèques et comparé les signatures. Parallèlement, ils ont investigué à l'effet de lever les complicités éventuelles dans les filiales qui auraient permis la mise en place du réseau de contrebandiers et spéculateurs. Le dossier volumineux appelé à être transmis au procureur de la république contiendrait de précieuses informations. Ces dernières devraient, le moment venu, permettre au magistrat instructeur de poser les bonnes questions aux cadres dirigeants autour desquelles la SGP semble avoir érigé une zone de décontamination. Contacté, M. Bendib a estimé que les « prétendues révélations » sont le résultat d'une intox d'un chef de dépôt licencié il y a quelques mois pour faute grave. A l'unité commerciale d'El Hadjar où la mise à feu a été enclenchée, les travailleurs affirment qu'un désaccord entre le PDG du groupe et celui de la filiale SCHS est à l'origine de cette affaire.