De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche La tension qui s'exerce sur les matériaux de construction, notamment le ciment, ne cesse de préoccuper les citoyens et les gérants d'entreprises chargées de la réalisation d'équipements publics ainsi que de la relance de plusieurs dizaines de projets de logements sociaux qui accusent un énorme retard à travers les différentes localités de la wilaya. En même temps, le marché informel et les pratiques frauduleuses qui émaillent les transactions sur le marché des matériaux de construction semblent avoir la peau dure. Cette situation a amené, l'été dernier, les autorités du secteur à mettre au point un dispositif et de nouvelles marges de bénéfices pour la commercialisation du ciment, dans le but de mettre fin à la grande spéculation sur le marché. Ces marges sont de 120 dinars sur le quintal pour les détaillants et de 80 dinars pour les grossistes sur la même quantité. Au même moment des professionnels du bâtiment et des travaux publics avaient indiqué que les mesures préventives et de lutte contre la spéculation, entreprises par les pouvoirs publics, ont été vaines. A Bouira, ces derniers ne cessent de justifier les retards accusés dans les différents projets par cette situation. Et ce, malgré les affirmations des responsables de la wilaya, selon lesquels les grandes entreprises sont prioritaires dans l'approvisionnement en ciment. Par ailleurs, dans la wilaya de Bouira, où se trouve l'ERCC de Sour El Ghozlane, considérée parmi les plus importantes cimenteries du nord du pays, le ciment continue à se vendre à un prix avoisinant les 900 DA/q. Pourtant, les responsables de ladite cimenterie affirment avoir entrepris, en collaboration avec la Direction de la concurrence et des prix de la wilaya (DCP), une série de mesures de lutte contre la spéculation et le commerce informel de ce produit. Celles-ci consistent en la traduction des concernés devant la juridiction compétente, la limitation des quotas de livraison de ciment tout en y associant les autres services administratifs à même de permettre l'évaluation des besoins de chacun. Au cours du mois de septembre dernier nous avons appris que ces services ont saisi près de 2 871 tonnes de ciment, représentant une somme de 1,3 milliard de centimes, chez les spéculateurs, au cours d'interventions menées depuis le mois de juillet dernier chez des entrepreneurs et des opérateurs spécialisés dans la production de différents produits de construction (buses, parpaings) et qui profitent de la crise en vendant ce matériau au lieu de l'utiliser. Notons qu'au cours de cette période, le prix du ciment avait atteint à Bouira le pic de 1 300 DA le quintal. Une situation qui a généré des désagréments à l'ensemble des opérateurs économiques, en premier lieu aux entreprises de construction du BTPH, dont plusieurs ont préféré procéder à une fermeture temporaire de leurs chantiers. D'un autre côté, des sources ajoutent que le stock disponible au niveau de la cimenterie de Sour El Ghozlane est évalué à près de 32 000 tonnes durant le mois d'avril dernier. Cette quantité est estimée suffisante pour les besoins des clients, qui sont en général des opérateurs réalisant des projets pour les secteurs de l'habitat et des travaux publics. Avec cette quantité, nous, avons appris que, durant le même mois, près de 1 300 tonnes de ciment sont sorties de l'ERCC pour approvisionner les wilayas du centre ainsi que les unités de distribution Edimco et les grossistes situés au niveau des communes. Sur un autre registre, pour mettre fin au marché informel qui se développe autour de la commercialisation du ciment et autres matériaux de construction, nous avons appris qu'une enquête a été déclenchée au début de l'année par les services de la direction du commerce de Bouira, en collaboration avec la direction de la cimenterie de Sour El Ghozlane ainsi que les services de sécurité. De plus, la direction du commerce a installé une brigade spéciale pour mettre fin aux filières activant dans le commerce illégal du ciment. Selon les résultats de l'enquête, l'opération a conduit, depuis l'été 2008, à la transmission de 50 dossiers à la justice concernant des personnes, des promoteurs et des vendeurs qui seraient impliqués dans la commercialisation illégale de ciment, depuis l'entreprise de Sour El Ghozlane vers les wilayas du Centre. Par ailleurs, au niveau de l'ERCC, les demandes de livraison de ciment sont traitées avec rigueur pour éviter la fraude; le service commercial de l'ERCC exige au préalable un visa du maître d'ouvrage afin de vérifier si les quantités demandées correspondent aux besoins exprimés. De plus, les dossiers des clients entrepreneurs sont vérifiés conjointement par la direction du commerce et l'ERCC, dans le but d'éviter que des quantités de ciment importantes ne s'écoulent sur le marché parallèle.